19 Avril 2020
Un chiffre légèrement en-deçà de celui annoncé vendredi par la ministre des Armées, Françoise Parly, devant la Commission Défense de l’Assemblée nationale, où elle avait indiqué que 1081 militaires étaient positifs au coronavirus sur le groupe aéronaval (incluant le porte-avions et les navires l’accompagnant), soit 54 % des effectifs.
La grande majorité des marins touchés par le coronavirus vient du porte-avions lui-même, où quasiment 60 % de l’équipage est contaminé, presque la moitié d’entre eux étant asymptomatiques.
Entre 20 et 30 marins sont actuellement hospitalisés dans un hôpital militaire à Toulon, où le Charles de Gaulle a accosté dimanche 12 avril, avec deux semaines d’avance.
« Plusieurs hypothèses sont à l’étude » quant à l’origine de la contamination, a annoncé vendredi Florence Parly, la ministre des Armées. L’équipage du porte-avions n’a eu aucun contact extérieur depuis une escale à Brest, du 13 au 16 mars. Le général Lecointre a concédé que la question du maintien de l’escale avait été posée, mais qu’il n’avait pas été jugé nécessaire de l’annuler, au vu des connaissances sur la propagation du virus. La France n’était alors pas entrée en confinement.
Sur France Info, l'amiral Alain Coldefy, ancien commandant de porte-avions, met en cause l’escale à Brest : « Cette contamination est vraisemblablement arrivée de l'extérieur puisque le porte-avions et toute la force étaient partis mi-janvier […] et rien ne s'est passé pendant toute cette période », avance-t-il. « Brest, c'est un endroit où il y a de nombreuses familles. Les élections municipales avaient lieu, il y avait certainement des gens qui votaient à Brest. » Le virus a pu se propager facilement en raison de la promiscuité à bord où, « à des endroits, une vingtaine de matelots qui dorment ensemble sur trois ou quatre étages de couchettes ».
« Il n'y a pas à ce stade d'enquête qui permette de dire que des gens ont spécifiquement transgressé ces règles », déclare sur TF1 le général François Lecointre, chef d’état-major des armées. « Et d'ailleurs je ne pense pas que ces règles, en l'état des connaissances qu'on a aujourd'hui, suffisaient en réalité, à partir du moment où les gens pouvaient sortir, pour être certain d'être protégé d'une contamination du coronavirus » ajoute-t-il.
Interviewé sur Europe 1, le chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Christophe Prazuck, explique que les procédures n’ont pas suffi ; d’autres témoignages évoquent un encadrement dépassé par la situation. Si l’escale à Brest semble la piste privilégiée pour expliquer la contamination à bord, « nous ne pouvons pas en être sûr à 100 % », reconnaît-il.
Deux enquêtes, l’une épidémiologique, l’autre concernant le commandement, ont été diligentées par le ministère des Armées. « Leurs conclusions seront rendues publiques », a annoncé Florence Parly, qui recevra un « point d’étape » d’ici deux semaines. L’enquête de commandement servira à établir une chronologie des faits, et l’enquête épidémiologique à savoir comment le virus s’est répandu à bord.
« Le Covid change nos plans et nos prévisions », a déclaré vendredi la ministre des Armées. Les activités du Charles de Gaulle, dont la mission en cours devait se terminer le 23 avril, devraient prendre beaucoup de retard ; le porte-avions va devoir « subir des activités de maintenance » et « c'est à partir du mois de juin qu'un retour à la mer est envisageable ». « Nous allons tout faire pour être en mesure de réengager le porte-avions avant l’été », a confirmé le général Lecointre.
Le porte-avions doit en effet être décontaminé dans les semaines à venir. Les marins-pompiers de Marseille et le 2ème régiment de Dragons ont déjà déterminé les zones à traiter, car tout le bâtiment ne sera pas désinfecté – principalement les espaces de rassemblement et de restauration. Une entreprise spécialisée devrait assurer ce travail, qui devrait prendre plusieurs semaines.