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Le Titanic 2 a-t-il déjà coulé ?

Annoncée en grande pompe en 2012, suite à un accord avec un chantier chinois, un paquebot neuf va-t-il reprendre le nom célèbre de Titanic ?

Le Titanic 2 a-t-il déjà coulé ?

L’annonce du projet

Les chantiers chinois CSC Jinling, propriété de l’état chinois, et la société Blue Star Line (un clin d’œil à la White Star Line, l’armateur historique du Titanic) annoncent le 30 Avril 2012 la signature d’un contrat de construction portant sur un navire de 269 m et 56.000 tonnes répondant au nom de Titanic 2.
Quelques mois plus tard, un nouvel accord était annoncé avec la société finlandaise Deltamarin, entreprise spécialisée dans la conception de grands navires complexes, paquebots, navires de support, cargos et autres tankers. De très belles signatures rassemblées pour faire renaître le nom le plus célèbre du transport naval de passagers.
CSC Jinling et Deltamarin collaborent fréquemment sur des dossiers complexes dans lesquels le finlandais fournit l’ensemble des études au chantier chinois. Ils ont, entre autres, réalisé les Cargos LNG (160 m de longueur et 25600 tonnes) et fonctionnant au GPL Viikki et Haaga. En juin 2013, l’armateur annonce l’intervention de la Lloyd's pour le contrôle de la conformité de classe.
De bonnes fées semblent s’être penchées sur le berceau du Titanic II...

Le projet Titanic II

Le grand escalier projeté

Les grandes lignes du projet consistent, ni plus ni moins, à recréer un navire de gabarit équivalent au Titanic de 1912 dont l’aspect extérieur et intérieur en sera très proche, mais dont les infrastructures techniques seront celles d’un paquebot ultra-moderne. Au nombre desquelles quille à bulbe, stabilisateurs et tout l’armement de sécurité et d’urgence moderne.
A l’intérieur, l'objectif consiste à recréer une ambiance “art déco” avec une architecture intérieure calquée sur l’original. Cabines et parties communes célèbres seront ainsi recrées quasiment à l’identique grâce à l’intervention d’historiens spécialisés dont certains ont participé aux plongées de découvertes sur l’épave du Titanic.

Les cabines de seconde classe

Un budget de plus de 450 M€ est nécessaire à la construction. Il s’agira d'offrir à la vente des croisières au luxe d'antan, transatlantiques et transpacifiques, bénéficiant des avancées et de la sécurité de mise à bord des paquebots de croisière actuels. Quel programme !

Le hammam du bateau

Flottement…

Depuis cette date, et jusqu’en 2018, plusieurs procès ont opposé les différentes parties prenantes. Si nul n’en connaît la teneur, une chose est certaine, le chantier n’a pas démarré et les choses sont restées à l’état de projet, sans matérialisation tangible.
Le démarrage des travaux, reporté à 2014 puis 2015 et 2016 est resté sans effet.
La construction est-elle abandonnée ? L’armateur serait-il en train de ramer ?

Le rameur de la salle de sport du Titanic 2

L’armateur

Clive Palmer est un chef d’entreprise australien qui fit fortune dans l’immobilier, lors du boom de la Gold Coast australienne, puis investit dans dans le secteur minier dans les années 1990.
Régulièrement classé dans le top 5 des plus importantes fortunes australiennes, Palmer opérait Mineralogy, une entreprise minière intervenant dans l’acier avec des partenaires chinois, avec lesquels il fit construire des vraquiers chez CSC Jinling.
Au milieu des années 2010, c’est le clash et le procès avec les chinois.
Au même moment, les affaires de Palmer périclitent et plusieurs millions de dollars australiens, provenant de ses mines, vinrent financer le projet Titanic.
Simultanément, ces mêmes entreprises minières déposaient le bilan, exposant aux administrateurs horrifiés, ces transferts, sur fond de pertes abyssales interdisant le paiement d’une petite centaine de millions de dollars australiens de salaires… Dans l’intervalle, Palmer entra au Parlement Australien.

Le redémarrage

Fin 2018, Clive Palmer annonce la reprise du projet et le report du lancement de celui-ci à 2022. C’est à cette occasion que les rendus, qui illustrent cet article, furent rendus publics. Mais c’est aussi à un peu avant cette cette date que Palmer remporta une manche procédurale contre son ex-partenaire chinois (200 M$).
Le Titanic II allait-il voir le jour ?

Un armateur très pressé d’entrer en politique

Profondément englué dans divers scandales financiers graves, mis en examen dans plusieurs affaires, Palmer choisit aussi cette année 2018 pour faire (re)naître son propre parti politique en Australie, sur fond d'élections après avoir dépensé près de 50 M€ en publicité pour lui et son parti lors de différents scrutins.
Hasard ? Effet de calendrier ?
Quoi qu’il en soit, depuis cette date, plus aucune annonce n'émane à propos du Titanic II, ni de la part de la Blue Star Line ni de Palmer.
Silence radio.
En Janvier 2020, Deltamarin déclara officiellement qu’aucun chantier n’avait encore été sélectionné et que le projet se trouve au point mort.

La conclusion de cette histoire est-elle celle d’un homme cherchant par tous les moyens à échapper à ses responsabilités, quoi qu’il lui en coûte ou qu’il advienne à sa communauté ? Ce serait une vocation politique critiquable mais aucunement une nouveauté...
Nous craignons que le Titanic II ne fasse financièrement naufrage avec son armateur, mais ce dernier a-t-il seulement eu la volonté réelle de lui faire prendre la mer ?

 

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