11 Avril 2021
La flotte est partie pour environ cinq jours de mer sur 775 milles, avec un aller vers les îles Scilly, au large des Cornouailles, qui s’annonce stratégique et un retour qui devrait se résumer à une course de vitesse.
Au large ou à la côte ? A Port la Vie, c’était ce dimanche la grande question du jour pour les 42 Figaristes, à quelques heures du départ de la Saint Hilaire-Sardinha Cup.
Et pour cause, ce choix, les 21 tandems allaient devoir le faire dès la fin du parcours côtier d’environ 2 milles, au passage de la bouée des 5 Pineaux, située au pied de Saint Hilaire de Riez.
Une option résumée par Damien Cloarec, co-skipper de l’Anglais David Paul sur G-Alok : « Il y a un anticyclone qui va nous barrer la route lundi sur la pointe bretonne, il faut choisir dès la première bouée entre le contourner par l’ouest ou rester à terre pour prendre des brises thermiques. » Marc Mallaret (en binôme avec Sébastien Marsset sur Mercyships.org) ajoute : « Il y a ceux qui vont couper tout droit pour faire moins de route, au risque d’avoir moins de vent, et ceux qui vont faire tout le tour de cette bulle en faisant plus de milles mais en allant certainement plus vite. On se creuse la tête. »
« Le choix est super dur à faire, d’autant plus que les caractéristiques du Figaro Beneteau 3 ouvrent le champ des possibles en nous poussant à s’écarter beaucoup de la route », répond Yann Eliès (co-skipper de Gardons la Vue-Fondation Stargardt avec Martin Le Pape). « On essaie de se raccrocher à des choses rationnelles pour éviter de prendre cette décision à pile ou face. Ensuite, une fois à la bouée, il y a l’aspect tactique qui entre en jeu, on regarde avec qui on part. »
Avant de s’élancer, la plupart des skippers semblaient avoir fait le choix de la route vers le large : « On pourrait se dire que la route directe est moins risquée, mais elle s’apparente selon moi davantage à un coup de poker, le grand tour par l’extérieur semble plus réaliste », estimait ainsi Corentin Horeau, qui fait équipe avec Elodie Bonafous sur Bretagne CMB Océane.
Et effectivement, une demi-heure après le départ de la Saint Hilaire-Sardinha Cup, au passage de la fameuse bouée des 5 Pineaux, franchie en tête par Philippe Hartz et Benoît Hochart devant les duos Estelle Greck/Laurent Givry (Rêvons Long Cours) et Marc Mallaret/Sébastien Marsset, la flotte a rapidement tiré la barre pour faire un cap à l’ouest toute.
La suite du programme ? « C’est plus à partir de lundi que ça va partir en éventail à l’approche du centre de l’anticyclone », explique Pierre Quiroga (Macif). « Le redémarrage lundi après le passage de l’anticyclone va être hyper important, il faudra être très lucide à ce moment. Avec Erwan (Le Draoulec), on va garder de l’énergie ce soir pour être bons demain et après-demain. »
Car pour la plupart des marins interrogés, le classement aux Scilly pourrait peu changer d’ici le terme de l’étape au Pays de Saint Gilles, prévu vendredi : « Je pense que le premier qui passera aux Scilly devrait être le premier à l’arrivée, parce qu’il ne devrait pas y avoir par la suite de coups aussi tranchés que sur les premières heures de course », analyse Morgan Lagravière, vainqueur de la première étape avec Xavier Macaire sur Team SNEF.
« Si la première partie de la course a généré de gros écarts, les jeux seront en grande partie faits aux Scilly, car le retour va être un bord de bûcheron », ajoute Corentin Douguet, co-skipper de Quéguiner-Innoveo aux côtés de Tanguy Le Turquais. Cette deuxième étape, avec ses 775 milles, devrait aussi s’apparenter à une course d’usure, avec une gestion sur le long terme à ne pas sous-estimer.
« On n’a jamais fait une aussi longue étape, on sait que les bateaux sont durs et exigeants, il va falloir garder du jus pendant cinq jours », prévient Yann Eliès. « On est certes en double, mais il y en a qui vont lâcher le morceau petit à petit et d’autres qui vont réussir à garder le bon rythme jusqu’au bout. »
Robin Marais, dixième de la première étape sur Ma chance Moi aussi, conclut : « Ça va être une étape longue, humide et froide, donc ce sera important de bien se reposer et de trouver d’entrée le bon fonctionnement et le bon rythme. Certes, une partie de la course va se jouer aux Scilly, mais ça ne sert à rien de d’être bien placé aux Scilly si c’est pour être cramé sur la deuxième partie. »
Ordre de passage à la bouée des 5 Pineaux, 1ère marque de la deuxième étape de la Sardinha Cup :