21 Décembre 2022
L’Imoca et la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO renouvellent leur accord de partenariat jusqu’en 2025, en étroite collaboration avec le Centre d’opérations OceanOPS.
En 2014 a eu lieu la Barcelona World Race. Une course en double autour du monde. C’est là que l’histoire entre l’Imoca et la COI-UNESCO a débuté. Huit équipages ont embarqué au départ des instruments océanographiques à déployer pendant la course.
C’est ensuite une convention de partenariat qui a été signée entre l’Imoca et la COI-UNSECO en 2015, lors de la COP21. Et depuis, près de 80 instruments ont été déployés lors de courses au large.
Ce partenariat historique entre l’Imoca et la COI-UNESCO vient d’être prolongé jusqu’en 2025.
« Nous sommes très fiers. C’est un véritable échange ! » confie Claire Vayer, coordinatrice des projets sciences pour l’IMOCA. « Les skippers contribuent à leur échelle à des actions de bien commun pour la société et donnent un sens encore plus grand à leur projet sportif ! Ils peuvent aussi parfois être directement bénéficiaires de ce à quoi ils contribuent : en déployant des bouées météo par exemple, ils améliorent leurs propres prévisions pendant la course. C’est une relation gagnante pour tout le monde. »
Puisque les Imoca fréquentent des recoins de l’Océan plutôt difficiles d’accès, où peu de bateaux passent et donc peu de données peuvent être récoltées ; ils sont d’autant plus importants qu’ils représentent ainsi une véritable opportunité pour les scientifiques.
« Le changement climatique est aussi un changement océanique. Pour comprendre comment l'Océan change, nous devons l'observer, de manière systématique, en utilisant un large éventail d'instruments - dériveurs, flotteurs, navires d'opportunité, animaux… Nous devons aussi nous appuyer sur les efforts d'observation des gouvernements, des universités et de la société civile. Ensemble, nous pouvons mettre en place un système mondial d'observation de l’Océan solide, notamment dans les endroits les plus reculés. Je ne saurais trop insister sur l'importance de l'engagement de la communauté des skippers, ainsi que des agences des Nations unies comme l'UNESCO, afin de relever ce défi majeur qui est inscrit dans le programme de la Décennie de l’Océan des Nations Unies », souligne Albert Fischer, responsable des observations et services océaniques à la COI-UNESCO.
« Pour la météorologie et l'océanographie opérationnelles, nous savons de quelles données nous avons besoin mais aussi de quelle qualité, résolution spatiale et fréquence. Même si nous disposons d'instruments autonomes comme les dériveurs et les flotteurs, ceux-ci doivent encore être déployés et les navires hors des lignes maritimes régulières jouent un rôle crucial, » confie Martin Kramp, coordinateur international des navires d’opportunité pour OceanOPS. « Les zones océaniques sous-échantillonnées comme les mers du sud peuvent avoir un impact énorme, car ce sont des zones essentielles pour le climat mais que nous connaissons très mal. C'est pourquoi, nous avons contacté la communauté des coureurs, la seule communauté qui fait le tour de l'Antarctique à intervalles réguliers. »
En collaborant à ces programmes, les Imoca deviennent des navires d’opportunités et rejoignent le projet Odyssey, porté par OceanOPS et labellisé par la Décennie de l’Océan 2021-2030, reconnue par les Nations Unies en 2017.
« La Décennie de l'océan 2021-2030 est une occasion unique de créer un système mondial d’observation de l'Océan adapté aux besoins de la société. L'objectif du projet Odyssey est de fournir un cadre pour permettre de contribuer facilement à cet objectif. Car, comme la communauté des skippers l’a bien démontré, tous ceux qui vivent et travaillent dans l'Océan peuvent jouer un rôle. Augmentons les efforts de sensibilisation dans les villages de course, la visibilité de la science et de la voile dans les médias, et montrons clairement qu'il n'a jamais été aussi important d'encourager la science citoyenne et les partenariats industriels pour créer l'Océan que nous voulons », a expliqué Julian Barbière, responsable de la politique marine et de la coordination régionale à la COI-UNESCO et coordinateur de la Décennie de l’Océan.
« Nous coordonnons et standardisons au niveau international mais ce sont des institutions comme l’IFREMER ou Météo France qui sont les opérateurs et les propriétaires des instruments scientifiques », précise Martin Kramp.
Il y a plusieurs années, c’est une collaboration complémentaire qui s’est mise en place avec l’IFREMER. Notamment avec des skippers tels que Boris Herrmann et Fabrice Amedeo. Ils ont embarqué des capteurs sur leurs bateaux afin de mesurer des données telles que salinité, température de l’eau, CO2 ou encore les micro-plastiques. Les scientifiques de l’IFREMER accompagnent ces projets et traitent les données recueillies pour les intégrer dans des bases de données internationales et open-source.