Il ne se passe pas une journée sans que l'on ne suive un incident ou accident mettant en cause un véhicule électrique alimenté par des batteries lithium. On mélange allégrement types, causes, conséquences et circonstances et certains médias y trouvent un excellent sujet à développer, angoissant à souhait, en complément du conflit ukrainien et d'autres mauvaises nouvelles à forte audience...

Oui, les phénomènes d'emballement existent, il ne faut pas tout mélanger. 

L'emballement thermique

Les batteries lithium ion, type auquel appartiennent les batteries LiFePO4, peuvent être sujettes à des événements d'emballement thermiques au cours desquels une cellule, en défaut, va communiquer sa chaleur à ses voisines jusqu'à les placer, elles aussi, en état de défaut.

A ce stade, l'électrolyte en fusion dégaze un mélange de vapeurs nocives, et ces gaz finissent par percer la caisse dans laquelle sont montées les cellules. A partir d'une température qui varie entre 100 et plus de 200°C, ces gaz s'embrasent, c'est l'incendie.

Le défaut peut présenter des causes variées, aussi bien endogènes, défaut de fabrication, d'assemblage, de montage ou de protection du système. Les batteries lithium des systèmes de forte capacité que sont les véhicules ou les navires électriques sont protégés par des outils de surveillance et d'action, les BMS (battery mamagmeent system). Ces appareils surveillent, au quotidien, le fonctionnement des batteries. Ten, qu'exogène, choc, envahissement d'eau, poinçonnement. 

Des causes qui n'ont souvent rien à voir avec la technologie en question.

La surexposition médiatique

Les médias rapportent des dizaines d'exemples d'emballement thermiques de véhicules électriques ou de petits appareils ayant conduit à des incendies.

Le phénomène est bien réel, mais il souffre de plusieurs biais importants : le premier se situe dans la surexposition médiatique. Un feu de parking équipé de super chargeurs en Inde ? La technologie est nouvelle, elle fait peur, et la couverture de l'événement est mondiale. Un feu de véhicule ou de stockage de transport de supercarburant au même endroit passera probablement inaperçu, peu "vendeur" médiatiquement.

C'est un peu comme lorsqu'on lit les articles de presse qui couvraient les premiers voyages en train, au milieu du XIXe siècle, cette nouvelle technologie inquiétait et les journalistes qui s'étonnaient que les voyageurs supportent une telle vitesse (50 km/h) dans défaillir et dont les accidents des débuts étaient reportés avec une portée considérable. Parlait-on des chutes de cheval ? 

Qui a entendu parler ou un lu un article en rapport avec un feu de véhicule thermique en France, en dehors de la soirée de la Saint-Sylvestre ? Plus grave et spectaculaire, qui a entendu quelque chose à propos des explosions de deux dépôts d'essence en décembre 2022 ?

Confusion

Le second biais tient dans la confusion entre la cause de l'incident et la technologie en question.

Exemple : un véhicule électrique est percuté et sa batterie s'emballe suite à l'éventration accidentelle d'e certaines cellules par un débris projeté lors du choc. C'est un véhicule électrique qui brûle. C'est vrai, mais c'est aussi un véhicule accidenté qui brûle, tout comme des milliers de véhicules à essence ont connu ce funeste sort suite à un choc violent, le réservoir plein de ce combustible détonnant et particulièrement dangereux qu'est le supercarburant...

Pour s'en convaincre, rien ne vaut les statistiques. Le National Transport Safety Board NTSB américain tient un compte édifiant de statistiques routières.

En 2020 aux USA, 62,7% des véhicules sont des thermiques, 27,7% des hybrides et 7,5 des 100% électriques. Les hybrides représentent 1/3 des thermiques et les électriques 1/8.

Sur les 321 827 feux de véhicules nécessitant l'intervention des pompiers, 199 533 ont eu lieu sur des thermiques, 16 051 sur des hybrides et 52 sur des électriques. 

Si les hybrides et les électriques devaient connaître le même risque incendie que les thermiques, on compterait 65 000 incendies d'hybrides et 25 000 sur les électriques...

Les technologies de batteries utilisées dans les systèmes de propulsion hybrides ou électriques appliquées aux véhicules terrestres ou aux navires de plaisance sont, lorsqu'elles sont convenablement pensées et installées, sûres et fiables et ne génèrent pas plus d'incidents, bien loin de là, que leurs homologues thermiques.

Cette mauvaise réputation repose principalement sur des questions de biais dont il faut être conscient.