Le croisiériste haut de gamme français annonce un projet intéressant pour sa nouvelle génération de paquebots. Son plan Swap2Zero vise a mettre à l'eau, d'ici 2030, une nouvelle génération de paquebots particulièrement vertueux car ne produisant plus aucune émission directe, tant pour la propulsion que pour les services hôteliers.

L'armateur marseillais Ponant profite de son expérience accumulée lors de la conception de ses précédents navires ainsi que celle du Commandant Charcot, un navire d'exploration polaire aux caractéristiques techniques avant-gardistes.

L'ensemble de la flotte du Ponant est équipée de motorisations électriques. Sur ses yachts d'exploration et ses explorers, ces moteurs sont alimentés par des groupes électrogènes diesel, ceux du commandant Charcot fonctionnent au diesel ou au LNG. Seul le voilier "Ponant" reste un vrai diesel.

Certes les croisiéristes, et tout particulièrement ceux organisant leurs opérations au bout du monde, tout particulièrement dans des zones très reculées, n'ont pas toujours bonne presse.

Il est vrai que le bilan carbone englobant le transport aérien nécessaire à l'embarquement vers une croisière Antarctique est très élevé. Mais la voie vers la sobriété heureuse et forcée n'est pas forcément plus réaliste...

C'est dans ce cadre que les efforts de l'armateur français sont notables. La technologie, souhaitons-le, sera probablement l'une des clés de la lutte et de l'adaptation de la vie dans un monde ou les températures se sont élevées de plusieurs degrés depuis le début de la révolution industrielle.

Alors, chez Ponant, le haut niveau de prix des croisières permet de financer d'importants travaux de recherche et de développement et de conception.

Nous avions été impressionnés, sur le plan technique, par le Commandant Charcot, le brise-glace d'exploration de Ponant. 

Nous ne manquons pas de l'être devant la feuille de route de Ponant qui tient en six points pour ses bateaux Swap2Zero. Le but est de procurer à ces navires une autonomie totale d'un mois, à zéro émission CO2 eq.

Pour ce faire, Ponant s'appuie sur des partenaires très spécialisés comme LMG Marin France, BARILLEC Marine, HELION Hydrogen Power, D-ICE Engineering et Stirling Design International pour la conception.

Le projet s'articule, pour sa partie énergie-propulsion, autour de 6 axes.

1. 50% de l'énergie de propulsion fournie par la force du vent, des voiles de type solid sail feront de ces navires de vrais voiliers
2. 1000m2 de surface de panneaux photovoltaïques avec intégration d'OPV (organic photo voltaic) dans les voiles 
3. Une pile à combustible basse température fonctionnant à l’hydrogène liquide dédiée à la propulsion, avec recyclage de l'eau et de la chaleur produite
4. Une pile à combustible haute température pour les services, la chaleur dégagée étant récupérée pour la production d’eau chaude. Compte tenu du point suivant (captation de carbone) il s'agit probablement d'une pile au méthanol (Direct Methanol Fuell Cell), des piles qui produisent du CO2. Pourquoi ce choix uniquement pour les services ? Peut-être parce que les piles à combustible au méthanol souffrent d'un rendement plus faible que celles à l'hydrogène ou que des piles de plusieurs MW sont très rares ?
5. Une technologie de captation de carbone à bord, couplée à la pile haute température.
6. Un système innovant de gestion de l'énergie permettant le fonctionnement des bateaux sans qu'aucun groupe électrogène diesel ne soit en service.

Ainsi dotée, cette nouvelle génération de navire embarquera les technologies les plus vertueuses et les plus avant-gardistes du moment. C'est un effort louable qui a le mérite de mettre en lumière des solutions techniques, alors inusitées dans le domaine maritime, comme la réutilisation de la chaleur des piles à combustible ou la captation du CO2.