5 Mai 2025
Lorsqu’on pense aux requins, il nous vient immédiatement en tête le Grand Requin Blanc ou même son cousin ancestral disparu, le Mégalodon ; terreur des océans dans l’imaginaire collectif. Pourtant, ces deux super-prédateurs sont loin d’être les candidats idéaux pour représenter les requins, qui se divisent en 529 espèces (sans compter les raies qui sont pourtant classées comme des requins) et dont seulement 5 sont aujourd’hui considérées comme dangereuses pour l’Homme ; le Grand Requin Blanc, le Requin Tigre, le Requin Bouledogue, le Requin Mako et le Requin Longimane.
Mais alors, quel est le profil du requin type ? Quel requin peut représenter le plus justement tous ses congénères ?
La majorité des espèces de requins sont regroupées dans l’ordre des Carcharhiniformes, dans lequel on trouve plus de 270 espèces comme les Requins-Marteaux, les Requins-Tigres ou les Requins Léopards par exemple. C’est également à cet ordre qu’appartiennent les Roussettes ; une famille de petits requins comprenant plus de 150 espèces (ce qui en fait la plus large famille de requins connue à ce jour), telles que la Grande Roussette, la Petite Roussette ou le Requin-Pyjama.
En comparaison, l’ordre des Lamniformes auquel appartient le Grand Requin Blanc ne comprend que 16 espèces répertoriées, dont certaines, comme le Requin Grande-Gueule sont parmi les plus rares jamais observées.
Par ailleurs, tous les requins n’ont pas le même régime alimentaire, même s’ils sont tous carnivores. Le Requin-Baleine, le Requin Grande-Gueule et le Requin Pèlerin sont des requins planctophages (qui se nourrissent de plancton), tandis que beaucoup d’autres requins se nourrissent de petits poissons ou crustacés qu’ils chassent, parfois en meute.
L’un des requins considéré comme dangereux pour l’Homme, le Requin-Tigre est peut-être le plus opportuniste des requins ; chassant à peu près tout ce qu’il peut et avalant ses proies sans discernement. Il se nourrit d’autres requins plus petits, de serpents marins, d’oiseaux et même parfois de baleines. Et parce qu’il ne fait que peu de distinction entre les choses qu’il chasse et qu’il mange, il a également été observé s’attaquant à des tortues marines, ou engloutissant des objets issus de l’industrie humaine comme des canettes, des sacs plastiques et même des plaques d’immatriculation.
C’est l’une des raisons qui le rend dangereux pour l’Homme, outre son agressivité, il attaque sans faire de différence avec ses autres proies, là où le Grand Requin Blanc, également dangereux mais dont la réputation est aggravée par les médias, n’est pas systématiquement agressif ou hostile. Ses attaques, sans doute motivées par une confusion avec ses proies habituelles comme les phoques et pinnipèdes sont généralement considérées comme accidentelles ; ce qui remet en question sa nature réputée dangereuse.
Les requins vivent également dans toutes les mers et océans du monde, à l’exception de l’Antarctique et même dans certains grands fleuves ou lacs, et à des profondeurs qui varient énormément selon les espèces.
On trouve ainsi des requins dans les abysses, tels que le Requin Noronhai, dans les fonds marins, tels que le Requin du Groenland, dont l’espérance de vie d’au moins 300 ans est la plus longue connue chez un vertébré ; ou encore dans les fleuves ou les lacs, comme le Requin du Gange ou le Requin Bouledogue qui sont des poissons euryhalins (ayant la capacité de vivre en eau salée comme en eau douce).
Et si une grande partie des espèces de requins connues vivent dans les mers chaudes, tropicales et subtropicales, comme les Requins Dormeurs Cornus ou les Requins-Marteaux Halicornes qui peuvent former des bancs d’une centaine d’individus ; de nombreux requins sont migrateurs, comme le Requin Saumon, qui vit principalement dans le Pacifique Nord mais peut migrer dans des zones subtropicales et parcourir plus de 18 000 kilomètres en moins de deux ans et dont l’habitat peut ainsi énormément varier.
Cette incroyable variété chez les requins s’explique sans doute par la longue évolution dont ils ont bénéficié ; car les premiers requins apparaissent au Dévonien (l’Âge des Poissons) il y a environ 420 Millions d’années. A titre comparatif, les premiers hominidés ne sont apparus qu’il y a environ 20 Millions d’années.
Cette longue évolution peut expliquer la très grande variété d’espèces, de tailles et d’habitudes chez les requins, qui n’ont adopté leur forme moderne qu’à partir du Crétacé (il y a 100 Millions d’années) pour la plupart. On trouve ainsi des requins allant de neuf centimètres de long à peine pour le Requin-Lanterne Nain, à plus de vingt mètres pour le Requin-Baleine.
Il est donc très difficile de faire le profil du requin type ; parce que les requins forment un super-ordre de poissons qui possèdent autant d’espèces que de tailles, d’habitudes et d’habitats variés.
Aujourd'hui, une grande partie des espèces de requins sont menacées d'extinction en raison de la détérioration de leur habitat naturel ou encore de la pêche, et leur mauvaise réputation injustifiée n'aide pas à leur préservation.
De nombreuses espèces menacées ne sont même pas protégées. Pourtant, des organisations et associations se mobilisent afin de sensibiliser le grand public. C'est par exemple le cas d'Ailerons, une association française créée en mai 2006 qui œuvre pour l’amélioration des connaissances et la protection des raies et des requins de Méditerranée