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Le constructeur japonais Honda, jusqu’ici associé à l’automobile, à la moto, au nautisme (moteurs hors-bord), au jardinage et à l'aviation (HondaJET), a franchi une étape majeure en réussissant le décollage et l’atterrissage contrôlés d’un prototype de fusée réutilisable. Une prouesse réalisée sans fanfare, mais avec une précision remarquable, qui positionne discrètement le groupe dans l’univers du spatial privé.

Honda, connu pour ses voitures et ses moteurs, vient de prouver qu’il maîtrise également les bases de la technologie spatiale. À Taiki, sur l’île d’Hokkaidō, le constructeur a mené en mai 2025 un essai inédit : faire décoller et atterrir un petit lanceur expérimental avec un niveau de précision impressionnant. Le prototype, haut de 6,5 mètres et pesant 1 270 kg au décollage, a atteint une altitude de 271 mètres avant de revenir se poser, à seulement 37 centimètres du point prévu.

Ce vol de démonstration, d’une durée de 56,6 secondes, s’est déroulé au centre d’essais spatial que Honda développe en partenariat avec l’agence spatiale japonaise JAXA. Ce site, en pleine expansion, est destiné aux expérimentations suborbitales et ambitionne de devenir un pôle majeur de la recherche aéronautique nippone.

Ce premier succès, bien que discret, marque un tournant pour l’entreprise. Alors que des géants comme SpaceX ou Blue Origin dominent le marché des lanceurs réutilisables, Honda se démarque par une approche méthodique et pragmatique, sans effet d’annonce. Le constructeur vise désormais un vol suborbital d’ici 2029, pour franchir la barre symbolique des 100 km d’altitude et tester des technologies de rentrée atmosphérique.

Le projet de fusée s’appuie sur des compétences développées en interne : le moteur à carburant liquide, les algorithmes de contrôle, les capteurs de position et les systèmes de stabilisation proviennent directement du savoir-faire accumulé dans la robotique, les véhicules autonomes et la R&D automobile du groupe. Cette transversalité technique, associée à une capacité à concevoir des solutions robustes, a permis à Honda de réussir là où d’autres n’osent pas encore s’aventurer.

Le test mené à Taiki n’était pas un simple coup d’essai : il avait pour objectif de valider des technologies clés pour la réutilisation de fusées, notamment la gestion de la stabilité lors de la montée et de la descente, ainsi que la précision d’atterrissage. Les données recueillies lors de ce vol vont désormais nourrir les prochaines étapes de développement.

Officiellement, Honda se refuse à évoquer un calendrier précis pour une éventuelle commercialisation. Le programme reste à un stade fondamental, selon les termes du groupe. Toutefois, le succès du prototype place l’entreprise dans une position inédite : celle du seul constructeur automobile ayant conçu et testé un lanceur réutilisable.

Ce positionnement original illustre une vision plus large du rôle des industriels de la mobilité dans la conquête spatiale. Alors que le secteur spatial privé se développe rapidement, l’expertise des acteurs issus de l’automobile pourrait bien devenir un atout stratégique. Honda entend poursuivre ses recherches avec l’objectif de doter le Japon d’une capacité indépendante de lancement suborbital, en ciblant notamment le marché des micro-satellites.

En misant sur une montée en puissance progressive et sur l’adaptation de technologies éprouvées dans l’automobile au domaine spatial, Honda se positionne comme un nouvel acteur à surveiller de près. Si l’entreprise reste pour l’instant silencieuse sur ses ambitions commerciales, son avancée technologique ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour l’industrie nippone.

Avec ce premier pas réussi dans le domaine des lanceurs réutilisables, Honda démontre que l’espace pourrait bien devenir, à terme, une nouvelle extension naturelle de son univers industriel. Une diversification stratégique qui, sans bruit, pourrait redessiner les contours de la mobilité du futur.

Décryptage - la transversalité des développements technologiques entre les différentes branches de Honda, laisse augurer de grosses innovations dans le nautisme, en particulier dans l'automatisation de certaines phases de navigation, avec des caméras et capteurs issus de l'automobile.