25 Juin 2025
Les circonstances de l’accident avaient dès le départ suscité de nombreuses interrogations. Selon les premiers éléments de l’enquête, le voilier construit chez Perini Navi aurait été surpris par un phénomène météorologique brutal, décrit par certains témoins comme une mini-tornade. Le navire de 56 mètres s’était alors retourné avant de couler à une cinquantaine de mètres de profondeur.
Ce vendredi, un photographe présent sur les lieux a pu assister à la délicate remontée de l’épave. L’opération, menée par la société TMC Marine, avait débuté au mois de mai mais avait été interrompue après un accident ayant coûté la vie à un plongeur. Ces dernières semaines, les équipes sont parvenues à reprendre les travaux dans des conditions plus sécurisées.
Pour hisser le voilier à la surface, les ingénieurs ont dû procéder par étapes. Le mât du Bayesian, long de 72 mètres, a d’abord été sectionné afin de faciliter la manœuvre. Ce n’est qu’ensuite que le corps principal du bateau a pu être soulevé, grâce à un ponton équipé d’une grue de forte capacité. Le yacht doit être transporté dans les prochains jours vers le port de Termini Imerese, où il sera mis à la disposition des autorités italiennes en charge de l’enquête.
Le transfert du bateau est prévu pour le lundi 23 juin, date à laquelle il sera officiellement remis aux enquêteurs. Ces derniers espèrent que l’examen minutieux de l’épave livrera de nouvelles pistes pour mieux comprendre ce qui s’est produit cette nuit-là. L’analyse des équipements, des matériaux endommagés et de l’agencement intérieur pourrait notamment permettre de déterminer si des défaillances techniques ont contribué à la catastrophe.
L’enquête judiciaire a été ouverte peu après le naufrage. Le parquet de Termini Imerese a initié des poursuites contre X, évoquant des soupçons de naufrage par négligence et d’homicides involontaires multiples. Le procureur Ambrogio Cartosio, lors d’une conférence de presse organisée dans les jours qui ont suivi l’accident, avait souligné que toutes les hypothèses restaient envisagées, des fautes humaines à une éventuelle défaillance de conception.
De son côté, la MAIB, l’organisme britannique chargé des enquêtes sur les sinistres maritimes, avait mené des investigations parallèles. En mai dernier, ses experts avaient mis en avant certaines caractéristiques du Bayesian qui pourraient avoir accentué sa vulnérabilité face à des rafales particulièrement violentes. Selon ces spécialistes, la structure même du yacht aurait pu ne pas offrir la résistance attendue face à un phénomène météorologique extrême.
Le naufrage du Bayesian s’est rapidement retrouvé au cœur de nombreux débats. Plusieurs experts ont évoqué la « théorie du cygne noir » pour qualifier cette tragédie : un événement imprévisible, rare, mais aux conséquences majeures. Cette notion, souvent citée dans le monde de la finance, a trouvé un écho particulier dans l’analyse de ce drame en mer.
La remontée de l’épave constitue une étape importante dans la recherche de la vérité. Elle doit permettre aux autorités judiciaires de disposer d’éléments matériels concrets, et peut-être d’écarter ou de confirmer certaines hypothèses. Les familles des victimes attendent elles aussi que ce travail de terrain apporte des réponses sur les conditions précises de la disparition du yacht.
L’opération de renflouage a nécessité d’importants moyens techniques et humains. Les équipes mobilisées ont dû composer avec la profondeur à laquelle reposait l’épave et les contraintes liées à son volume et à son poids. La phase finale, qui a permis de dégager le bateau de son lit marin, s’est déroulée sous la surveillance des autorités italiennes, afin de garantir la sécurité des intervenants et l’intégrité des éléments prélevés.
Au-delà de l’aspect judiciaire, cet accident relance les réflexions sur la sécurité des grands voiliers modernes. Le naufrage du Bayesian rappelle que même les unités les plus récentes, dotées des équipements les plus avancés, ne sont pas à l’abri des caprices de la mer et des phénomènes extrêmes.
Alors que le yacht sera examiné dans les jours qui viennent, les experts maritimes et les ingénieurs s’intéresseront particulièrement aux systèmes de stabilité, aux dispositifs de sécurité embarqués et aux conditions d’entretien du navire. Autant d’éléments qui pourraient peser dans les conclusions des investigations.
Le Bayesian, désormais à terre, entame une nouvelle phase de son histoire, cette fois entre les mains des enquêteurs. Les mois à venir permettront de préciser les responsabilités éventuelles et de tirer des enseignements de cette tragédie qui a marqué les esprits en Sicile et bien au-delà.
Naufrage du yacht Bayesian : que dit le rapport d'enquête intérimaire du MAIB ? - ActuNautique.com
Le 19 août 2024, le yacht de plaisance britannique Bayesian a chaviré à proximité de Porticello, sur la côte nord de la Sicile, provoquant la mort de sept personnes. Un enchaînement d'erreurs...