4 Novembre 2025
À l’occasion des Assises de l’Économie de la Mer, Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe CMA CGM, a officialisé l’immatriculation sous pavillon français de dix nouveaux porte-conteneurs géants de 24 212 EVP, alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL). L’initiative, inédite par son ampleur, réaffirme la volonté du groupe d’ancrer durablement son développement en France et de participer au renforcement de la souveraineté maritime et logistique européenne.
Le choix du pavillon français ne se limite pas à une démarche symbolique. Il s’accompagne d’un recrutement de 135 marins français formés notamment à l’École nationale supérieure maritime. Ces navigants viendront opérer les nouvelles unités, qui relieront Le Havre et Dunkerque à l’Asie via la French Asia Line, la ligne commerciale la plus emblématique du groupe.
Ces nouveaux navires, dont la livraison s’échelonnera à partir de 2026, incarnent également une étape décisive dans la transition énergétique du transport maritime. Leur propulsion au GNL, compatible avec des carburants alternatifs tels que le biométhane et l’e-méthane, permet une réduction des émissions de CO₂ jusqu’à 85 %, tout en limitant les rejets de soufre, de particules fines et d’oxydes d’azote. Cette approche vise à abaisser l’intensité carbone du fret maritime, un enjeu majeur dans un secteur en pleine mutation réglementaire.
La construction de ces navires mobilise un réseau européen d’industriels et de partenaires technologiques, parmi lesquels GTT pour les cuves GNL et Bureau Veritas pour la certification. Chaque unité portera le nom d’un monument français — Notre-Dame, Panthéon, Orsay, Versailles, Pont-Neuf, Nation ou Austerlitz —, une façon de relier l’identité nationale au commerce international.
Pour CMA CGM, cette décision s’inscrit dans une stratégie de repositionnement durable. L’entreprise, premier transporteur maritime français, entend affirmer son rôle au sein d’une filière maritime considérée comme un pilier de la souveraineté économique : un secteur qui associe armateurs, ports, chantiers et équipementiers dans la continuité logistique du pays.
L’immatriculation sous pavillon français implique par ailleurs une conformité stricte aux normes nationales de sécurité et de travail en mer. En cas de crise, ces bâtiments pourront être intégrés à la flotte stratégique nationale, contribuant ainsi à la résilience logistique du territoire.
En misant sur une flotte modernisée, plus propre et exploitée par des équipages français, CMA CGM cherche à conjuguer compétitivité mondiale et responsabilité industrielle, tout en redéfinissant la place de la France dans la géoéconomie maritime mondiale