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Reprise de RM Fora Marine - deux dossiers déposés au tribunal, pour quel avenir ?

Reprise de RM Fora Marine - deux dossiers déposés au tribunal, pour quel avenir ?

Le 6 janvier dernier, deux repreneurs potentiels du chantier rochelais Fora Marine ont déposé un dossier auprès du Tribunal de Commerce de La Rochelle, suite au placement en redressement judiciaire de l'entreprise, le 17 décembre dernier.

Le 22 janvier prochain, le Tribunal tranchera et prendra position quant à l'avenir de Fora Marine, constructeur des fameux RM, ces voiliers hauturiers rapides au design magnifique, tombé en faillite en décembre dernier, suite à de lourdes pertes financières.

Selon nos informations, deux dossiers ont été déposés.

Le premier émanerait de deux investisseurs privés, dont le directeur commercial du chantier et un industriel de renom.

Le second aurait été monté par un chantier français spécialisé dans les voiliers de niche, et propriétaire de plusieurs marques.

Fort de ces deux offres, il reviendra alors au Tribunal  soit d'accepter l'une des deux offres de reprises directement ou améliorées, si les juges les estiment insuffisantes, soit de placer le chantier en liquidation judiciaire.

Dans ce dernier cas, les actifs seront vendus à la barre du Tribunal de Commerce, ce qui laissera la possibilité à un repreneur de racheter à vil prix tout ou partie des actifs (corporels et incorporels) du chantier, pour relancer la marque, en se délestant de tout le passif...

Un lourd passif, dont des acomptes clients encaissés

La reprise du chantier ne sera pas chose aisée, car le passif est estimé à près de 3 millions d'euros, le montant des acomptes clients encaissés s'élevant à eux seuls à environ à 1.5 million d'euros. C'est justement le montant de ces acomptes qui pose problème.

Généralement, les chantiers déposant le bilan ont des carnets de commande assez plats, et les chantiers organisent juste avant ou pendant le redressement, les toutes dernières livraisons, afin d'éviter de pénaliser trop de clients et de concessionnaires. Ce fut dernièrement le cas du chantier Ocqueteau, ce qui revient de fait à organiser le dépôt de bilan.

Dans le cas de Fora Marine, le chantier a déposé le bilan avec un carnet de commande plein, chose assez rare. Cette situation impose au repreneur de "racheter" le montant de ces acomptes lors de la reprise, s'il veut bénéficier du carnet de commande, sans léser les clients en cours.

Une telle démarche, si elle semble logique, n'est pas fréquente dans le nautisme et généralement, les acomptes clients sont perdus lors d'une reprise, tout comme une partie desdites commandes, des négociations au cas par cas pouvant avoir lieu, les repreneurs ne souhaitant pas payer deux fois les acomptes qui ont déjà été dépensés par la société faillie.

Coup financier ou engagement industriel ? 

Devant la difficulté de la situation, l'enjeu industriel sera sans nul doute au coeur de la décision des juges.

Une liquidation du chantier conduirait inéluctablement à une vente de ses actifs par appartement, permettant à des financiers de racheter la marque à vil prix, pour la relancer sans s'encombrer des créanciers, qu'ils soient futurs ex-clients ou fournisseurs. Cette démarche est fréquente dans le nautisme, mais généralement peu couronnée de succès dans le temps, du fait d'une absence chronique de fonds propres apportés par les repreneurs.

Car il faudra sans doute d'importants fonds propres pour relancer Fora Marine, où le problème à résoudre est avant tout industriel : comment réintégrer des opérations trop souvent sous-traitées (qui externalisent la valeur ajoutée) et comment parvenir à industrialiser le processus de production des RM de façon rentable, en garantissant un niveau de qualité constant ???

Construits en CP epoxy, les voiliers RM ont souffert de problèmes de construction et de qualité ces derniers mois, du fait d'un processus de construction trop artisanal. Une complexité qui s'est encore accrue avec la décision de doter le nouveau et superbe RM1180 de bordés en composite, pour résoudre des problèmes de qualité.

Dans ce contexte, la capacité industrielle de repreneur sera sans doute un critère majeur à prendre en compte, pour pérenniser une marque dont les voiliers font tourner bien des têtes sur les plans d'eau, et dont le positionnement est actuellement unique. 

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