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Editorial - nautisme, et si l'Etat et les élus ouvraient enfin les yeux ?

Editorial - nautisme, et si l'Etat et les élus ouvraient enfin les yeux ?

La filière nautique française souffre, aussi du fait des préjugés de l'Etat et des élus à son endroit !

Une filière industrielle qui emploie près de 100 000 personnes en France, qui exporte 70% de son chiffre d'affaires, composée de PME à l'échelle de l'industrie, et qui se positionne comme l'un des leaders mondiaux sur certains segments de marchés ?

Ce secteur, ce n'est pas l'aéronautique, ni l'automobile, pas plus que l'agroalimentaire ou le luxe : ce secteur, c'est le nautisme et la plaisance ! 

Ce secteur, cette filière industrielle, c'est la nôtre, qui ne fait la Une de l'actualité qu'à l'ouverture des grands salons de la saison : Cannes, La Rochelle, Paris, la Ciotat...

Une filière qui a longtemps pu se développer à l'international, car elle bénéficiait d'un marché intérieur dynamique, puissant, un hinterland comme disent nos voisins allemands. Un marché dynamique tant pour les bateaux neufs, que pour les bateaux d'occasion. 

Cette filière a pris la crise de 2008 en pleine face.

Comme partout dans le monde d'ailleurs, mais moins cependant, du fait de ce marché intérieur dynamique. En 2013, le marché du bateau neuf en France a baissé de 45% par rapport à 2007, quand il a chuté de 70% aux USA, de 60% en Allemagne et de 77% en Italie (lire le point de conjoncture à Septembre).

Depuis 3 ans, le marché du neuf recule dans notre pays, après un sursaut post-crise, mais le grand changement cette année est que le marché de l'occasion n'affiche plus qu'une petite hausse, 2 à 3%, autant dire qu'il stagne. Cette situation est nouvelle et très inquiétante, comme l'a indiqué la Fédération des  Industries Nautiques dans sa conférence économique d'avant Cannes.

En cause, la crise certes, mais aussi... l'incertitude !

Comme le vivent tous les jours les distributeurs et concessionnaires, les plaisanciers prêts à investir existent toujours. Les devis ne manquent pas et les offres en cours s'empilent sur les bureaux des commerciaux. Sauf que la confiance n'est plus là, et que les gens reportent leurs décisions d'achat, encore et encore.

Cette incertitude, en France, elle est avant tout fiscale et réglementaire...

Le projet de réforme de la taxe foncière des ports de plaisance, projet brouillon et ignorant tout de la réalité même du secteur du nautisme, a marqué les esprits, qui devait in fine déboucher sur une hausse du prix de l'anneau de 20 à 30% ! Pour le ministère et Bercy, les plaisanciers "pouvaient bien payer" !

Le projet de parc naturel dans le Bassin d'Arcachon, qui doit geler la navigation sur toute une partie, au profit de l'ostréiculture, pourrait bien faire pérécliter la première activité du Bassin en termes de chiffre d'affaires et d'emplois : le nautisme !

Non messieurs les ministres et autres élus, le nautisme ne s'adresse pas qu'à des individus fortunés, "qui peuvent payer", encore et encore, roulant carrosse et ne mangeant que des pommes de terrre de Noirmoutier !

80% des bateaux navigant actuellement en France font moins de 6m de long et sont faiblement motorisés !

Ce sont les bateaux de monsieur et madame tout le monde ! Ils sont principalement utilisés pour de la pêche en mer et de la balade familiale. Des activités qui font vivre tout le tissu économique des villes côtières : restaurants, accastilleurs, chantiers de réparation et d'entretien, taxis, hôtels, supermarchés...

Alors oui, 20% des bateaux de plaisance qui naviguent en France sont de plus grande taille, qu'ils appartiennent à des français ou à des touristes étrangers d'ailleurs, qui dépensent proportionnellement plus dans les ports et les villes balnéaires que les propriétaires de petites embarcations.

Non messieurs les élus et les politiques, le nautisme n'est pas réservé qu'aux riches qui peuvent payer ! C'est avant tout une activité populaire, un lieu de liberté et de loisirs, une activité qui est un atout indispensable de l'économie littorale et qui contribue fortement à développer l'hinterland des constructeurs hexagonaux !

Un marché du nautisme fort est donc un atout majeur, tant pour le développement économique des territoires, que pour le développement de nos constructeurs hexagonaux à l'export !

En restaurant la confiance par la fin de l'incertitude fiscale et du risque réglementaire permanent, le signal donné aux plaisanciers permettra de réenclencher la confiance qui seule peut contribuer à relancer la filière  et à créer des emplois pérennes !


=> accéder au point de conjoncture complet à septembre 2014
 

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