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Plaisance - le Sénat invente une nouvelle taxe sur les mouillages forains

Plaisance - le Sénat invente une nouvelle taxe sur les mouillages forains

Les plaisanciers sont décidément des vaches à lait, comme le démontre la nouvelle taxe votée par le Sénat, relative aux mouillages forains

En matière de politique publique, deux démarches co-existent quand il s'agit de trouver de nouvelles ressources financières.

La première consiste à réduire les coûts des services de l'Etat ou associés, notamment des collectivités territoriales, promptes à embaucher en période pré-électorale - pour dégager mécaniquement des lignes budgétaires additionnelles. Cette démarche nécessite du courage politique et un peu d'imagination, en partant d'une question simple : comment améliorer les choses... avec moins de moyens !

La seconde consiste à créer un nouvel impôt, généralement voté en catimini, et si possible de l'adosser à une motivation environnementale, pour culpabiliser les réfractaires au payer toujours plus, vite classés dans la catégorie infâme des assassins de l'environnement !

L'Europe du Nord est plutôt encline à opter pour la première démarche ; la France et les pays du "Club Med" plutôt encline à opter pour la seconde. 

Cette fâcheuse tendance à prendre le contribuable pour une vache à lait vient une nouvelle fois de se démontrer, en matière de nautisme et de plaisance.

En toute discrétion, les édiles représentant les collectivités territoriales au parlement - réfractaires à l'idée de réformer leur propre système de retraite soit dit en passant... - viennent en effet de voter une nouvelle taxe destinée à faire payer les bateaux en mouillage forain dans les aires protégées.

Jusqu'à présent, cette pratique était gratuite. Désormais, elle sera payante.

Cette taxe a été votée le 20 janvier, qui s'inscrit dans le cadre de l'examen du projet de loi relatif à la nouvelle organisation territoriale, matérialisée par l'amendement N°1208.

Au terme de cet amendement, les collectivités territoriales pourront désormais taxer les bateaux mouillant sur ancre ou sur corps mort, dans le périmètre d'une aire marine protégée, du 1er juin au 30 septembre, en métropole mais aussi dans les Dom-Tom.

Le coût de cette taxe pourra s'élever jusqu'à 20 euros par mètre de longueur de coque.

Cette taxe ne comprend aucune contrepartie en terme de service pour le plaisancier de la part de la collectivité territoriale, et concerne l'essentiel des zones intéressantes pour la plaisance, tant il est vrai que mouiller son bateau au large d'une raffinerie de pétrole présente un intérêt limité.

Les aires marines protégées représentent actuellement une superficie de 88000 km2, soit 24% des eaux métropolitaines et 50% des eaux corses.

Cette mesure, qui vise à remplir les caisses des collectiviés territoriales, est un nouveau signal très négatif à l'endroit de la pratique de la plaisance en France, représente un nouveau tracas administratif de plus pour les plaisanciers, et rend la destination "France" moins attractive pour les étrangers, de plus en plus séduits par des destinations telles la Croatie, le Montenegro ou l'Italie notamment.

Elle tend de surcroît à augmenter un peu plus le coût de la plaisance en France, un secteur qui emploie 40000 salariés et qui représente un vrai vecteur de développement économique dans les territoires.

A vouloir traire la vache en permanence, il arrive un moment ou elle n'a plus de lait !

Et puis, comme me le confiait un ami sénateur repu, en sortant de table : "c'est quoi 100 euros pour un pique-nique en famille à Port Cros, avec son semi-rigide ??!!"

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