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Coup de gueule de Lionel Péan - les calculs de l'IRC seraient-ils faits à la tête du client ?

Dans une lettre ouverte à l'IRC, le skipper du VOR 70 SFS s'interroge sur la façon dont l'IRC a calculé le handicap de son voilier de course, après sa dernière réduction de voilure, et s'étonne de l'absence de réponse de ses officiels, à ses différents courriers...

Coup de gueule de Lionel Péan - les calculs de l'IRC seraient-ils faits à la tête du client ?

Malgré une réduction de voilure de 17%, le VOR 70 de Lional Péan est affacté du même handicap par l'IRC, voilà une situation pas banale qui pose d'autant plus question, qu'à 5 jours de l'inscription à l’une des courses phare du calendrier, le skipper n'a obtenu aucune réponse des instances en charge de la jauge !

ActuNautique publie in extenso la lettre ouverte de Lionel Péan à l'IRC, et se pose à la question : l'IRC édicterait-elle des règles - des handicaps - à la tête du client ?

 

Après avoir réduit la voilure du VOR 70 SFS II de 17% sur le total Génois et Grand Voile (soit 354,45 au lieu de 429,98m2), l’IRC nous a assigné le même handicap. Elle disqualifie ainsi les bases mêmes de l’équité sportive ou des réalités mathématiques que doit revêtir une jauge, et pénalise de façon arbitraire un armateur et son équipage.

La genèse

« Régatier depuis plus de 40 ans, formé par l’architecte naval Philippe Harlé et le maitre voilier Bertrand Chéret, j’ai eu la chance de voir évoluer les bateaux avec l’avancée de la technologie.

Au cours de ce voyage, j’ai connu diverses règles qui, avec le temps, ont lissé les différences et offrent au plus grand nombre l’occasion de se confronter sur l’eau avec une sanction de sa performance quelle que soit la taille ou le style de son bateau. On peut les citer :

  • L’IOR, qui ne prenait en compte que quelques points de coque et produisait des bateaux très tordus ou bosselés, l’IMS qui lissait les points de références mais ne pesait pas les bateaux; 
  • PFRH qui acceptait le carbone là ou l’IMS n’en voulait pas;
  • Le CSA, le HN - devenu OSIRIS - propre à la France pour faciliter l’accès à la régate par les plaisanciers, et enfin l’IRC maintenant concurrencée par l’ORC...

Toutes ces règles sont la mesure d’un bateau et les prédictions de vitesse potentielle de celui-ci pour lequel chaque régatier doit donner le meilleur pour envisager truster les podiums.

En 2014, avec le soutien de SFS et par les hasards du marché de l’occasion (nous avions jeté notre dévolu sur un 65’ de régate) nous avons eu le plaisir de racheter le VOR 70 Abu Dhabi et découvrions la confrontation de ce type de bateau en Inshore contre les bateaux fait pour ça.

Passée cette phase de découverte et d’apprentissage, et ayant changé de VOR 70 entre temps à la suite d’un accident, nous avons décidé de sortir notre bateau de sa vie de coureur d’Océan sous les règles VOR, en adaptant quelques points pour vivre au mieux notre quotidien ; les régates Inshore.

Le VOR 70 est un bateau issu d’une box rule où notamment les paramètres de construction de certaines pièces maitresses (coque, Mat, Voile et système de quille, etc.) sont sous contraintes (poids, structures, etc.) qui en font un avaleur de mille infatigable et solide car la Volvo Océan Race ne badine pas avec les concepts de sécurité.

Ainsi passé de la Volvo Océan Race à l’IRC, le bateau ne rentrant pas dans les cases du bateau de « monsieur tout le monde », le législateur applique un certain nombre de paramètres – qui ne sont pas connus - afin de s’assurer que Monsieur VOR ne puisse disqualifier les autres bateaux en trustant les victoires quels que soient les efforts en préparation, voiles ou équipage consentis par l’armateur. De ce fait, et on le voit partout dans le monde, seules les courses au reaching dans plus de 20 nds permettent à l’occasion de voir un VOR 70 sur un podium.

De notre coté, et comme nous naviguons en Pro-Am avec 6 invités différents chaque jour de régate, nous avons décidé, après deux ans de divers tests de configuration, de réduire le plan de voilure pour être plus manoeuvrants et réduire l’effort à fournir pour l’équipage en régate Inshore.

2016 : l’histoire

Donc nous avons suivi le process suivant : essais avec la configuration VOR intégrale, essais avec la configuration VOR sans le master génois, que nous avons confrontée en essais avec le VOR 70 L4 à la Copa Del Rey et finalement opté pour une diminution conséquente du triangle avant et un peu de la Grand Voile simplifiant par là notre plan de pont et nos manœuvres.

  1. En configuration voilure Volvo avec le fameux Génois qui va du bout du tangon au tableau arrière HSA de 337,47m2, GV de 175m2 et Spi de 488,33m2 l’IRC donne un Handicap de 1.675 et TCC sans Spi 1,644
  2. En réduisant le triangle avant avec le Grand Génois Fractionné avec un HSA de 254,98m2 GV 175m2 et Spi 484m2, l’IRC donne un Handicap de 1,642 cf. notre certificat du 11 Mars 2015, pièce No1. TCC sans Spi de 1,604
  3. En réduisant encore la voilure avec un Génois de HSA 184,45m2, une GV de 170m2 et spi de 494,91m2, l’IRC nous calcule toujours un Handicap de 1,642 cf. notre certificat du 22 Mars 2016 pièce No2. TCC sans Spi 1,599:

Oups ! il y a un bug...

Comme on peut facilement l’imaginer, notre étonnement fut grand à la réception de ce certificat No2, là où nous nous attendions à un chiffre entre 1,610 et 1,615 encore fort loin pour envisager d’aller chasser les Maxi 72, mais nous permettant de naviguer plus simplement avec un handicap acceptable pour ce que nous faisons.

La procédure

Dès le 22 mars, je prenais contact avec le centre de calcul se déclarant incompétent et qui me renvoyait aussitôt sur un contact ad hoc.

Je ferai l’économie ici des échanges téléphoniques ou retours de mails (que je tiens à disposition), mais à ce jour et malgré mes rappels et demandes, rien ne bouge pour nous et :

  • Mon équipage, mon sponsor et moi ne comprenons pas pourquoi nous sommes punis par l’IRC, entachant par la nos résultats à la SNIM et Semaine de Porquerolles et bientôt 100 Milles de Port Grimaud et GIRAGLIA dont le certificat doit être déposé avant le 2 Juin.
  • Malgré diverses relances, il ne se passe rien.
  • Je ne comprends vraiment pas pourquoi l’IRC n’a pas traité l’évolution de la surface de voilure de façon mathématique, ce qui peut laisser à penser que :
  • Le législateur établit bien ses estimations à la tête du client et non pas à la faveur de réalités mathématiques.

Donc comme ce n’est ni acceptable opérationnellement ni intellectuellement, je me permets de publier au plus grand nombre ce petit mot et les certificats en question.

Lionel Péan
Skipper et Manager de la Campagne SFS-Voile

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