23 Mai 2016
Il y a 10 mois, la société Zodiac Nautic en difficulté, était reprise par un groupe d'investisseurs industriels français. 10 mois plus tard, que s'est-il passé chez Zodiac Nautic, et pourquoi une relocalisation de production ? Dominique Heber Suffrin nous dit tout !
Dominique Heber-Suffrin, qu'est-ce qui pousse un industriel du secteur des biens d'équipement pour l'industrie, dont la société réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros, à racheter Zodiac Nautic ?
Dominique Heber-Suffrin - Pendant 10 ans, j'ai effectivement piloté une grosse PME industrielle après l'avoir rachetée avec mon équipe. Récemment, j'ai cédé mes parts et au même moment, en lisant la presse économique, le 17 avril 2015, j'ai découvert que Zodiac Nautic était placée en redressement judiciaire. Tout est parti de là, par hasard...
Qu'est-ce qui vous a séduit chez Zodiac, et qui vous a poussé à vous intéresser à la société ?
DHS - Zodiac, c'est tout d'abord un nom mythique, devenu générique, à l'échelle de la planète. C'est aussi une marque que j'ai cotoyé tout au long de ma jeunesse !! Il y a donc aussi un aspect affectif. Et puis en nous intéressant au dossier, nous nous sommes rendus compte de la grande compétence des équipes, et du fait que les difficultés ne venaient pas de l'exploitation, mais d'un manque flagrant de liquidités.
Que s'est-il passé depuis la reprise de la société ?
DHS - La première chose qu'il faut bien voir, est que nous avons été confrontés à des usines à l'arrêt, des équipes un peu bousculées, et des clients déçus. Il nous a donc fallu renouer le contact avec les fournisseurs, ce qui nous a pris près de 3 mois, pour alimenter en pièces et composants les usines, qui ont redémarré à compter du mois d'octobre, à deux mois du salon de Paris !!
Un beau challenge ?
DHS - Je ne vous cache pas que c'était un peu tendu, mais la mobilisation de toute l'entreprise nous a permis de relever le challenge !! A quelques jours du Nautic, nous étions revenus à 98% de nos capacités de production. Depuis le début de l'année, nous sommes repartis sur un rythme plus normal, avec moins d'urgences à traiter.
Comment se présente Zodiac Nautic en 2016, en quelques chiffres ?
DHS - Nous employons aujourd'hui un peu plus de 300 salariés, sachant que nous en avons embauché une centaine sur le dernier trimestre, sur 3 sites. Nous avons une centaine de personnes sur la France et les Etats-Unis, et 200 en Tunisie, où nous disposons d'une très grosse unité de production. En terme d'activité, nous ambitionnons de réaliser un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros à un horizon proche, pour un retour à l'équilibre l'an prochain. En 18 mois chrono, ce sera plutôt bien !
Récemment, vous avez pris la décision de rapatrier une partie de votre production sous-traitée en Chine vers la France, relative aux flotteurs PVC. Pouvez-vous nous en dire plus ?
DHS - Dans mon plan de reprise de la société proposée aux salariés, il y avait le rapatriement en France de la fourniture chinoise ! Pourquoi ? Parce que les salaires directs en chine augmentent de 10-15% l'an depuis quelques années, réduisant très fortement le différentiel de coût entre la Chine et la France. Un autre point a trait à l'évolution des taux de change, qui nécessite de se poser de vraies questions. Produire en Chine fait aussi perdre 2 mois de réactivité : c'est inacceptable pour satisfaire les clients ! L'un de nos axes stratégiques est d'être très réactifs par rapport au marché, aux besoins des consommateurs et cette réactivité impose de revenir chez nous. Enfin, nous disposons de savoir-faire exceptionnels à Toulouse, qui nous différencient notablement de nos compétiteurs, et puis... c'est très motivant pour nos collaborateurs français de récupérer cette production.
Ce premier rapatriement de production en annonce-t-il un autre ?
DHS - Effectivement, après les flotteurs cette année, nous souhaitons rapatrier en France l'an prochain la production des annexes de bateaux.
En terme de stratégie produit, dans quelle direction souhaitez vous orienter Zodiac Nautic ?
DHS - Il nous faut d'abord reconstruire les fondations de la maison. Le marché a été déçu par notre manque de nouveautés ces dernières années. Dans ce sens, notre stratégie s'établit autour de 3 axes : apporter des équipements plus modernes sur nos différentes gammes, qu'il s'agisse de consoles, des équipements de pont... Préparer ensuite de vraies nouveautés bateaux pour les salons de fin d'année. Nous avons recruté et dynamisé notre équipe R&D à ces fins. Nous allons donc venir avec des nouveautés sur le coeur de nos gammes, à savoir les Pro et Pro Open. Enfin, essayer de trouver une rupture dans cette industrie, sachant que Zodiac a créé une rupture en inventant les bateaux pneumatiques et semi-rigides. Avec une marque aussi forte que la nôtre, il nous revient de revenir sur le marché avec de nouveaux produits vraiment différents et innovants !