7 Juin 2018
Les premiers essais du projet Natick ont eu lieu en 2016 au large de la Californie. L'objectif de Microsoft et de Naval Group est maintenant d'immerger une ferme de serveurs et de l'exploiter en conditions réelles, afin de démontrer qu'il est possible et utile d'immerger les data centers en mer.
Le chantier naval français spécialisé dans la défense et sa filiale Naval Energies ont développé l'enveloppe pressurisée dans laquelle se trouvent les calculateurs de Microsoft. « Il est conçu pour rester immergé 5 ans, sans intervention directe », explique le directeur de l'innovation et de l'expertise technologique chez Naval Group, Eric Papin.
Le positionnement du data center au fond de l'eau est assuré par une structure d'amarrage, et un échangeur de chaleur permet de refroidir les ordinateurs grâce à l'environnement marin.
Plusieurs sites industriels du groupe français et tous les domaines de compétence ont été mobilisés pour le projet Natick : Indret, non loin de Nantes, pour le design, Lorient pour la fabrication de la station d'amarrage, Brest pour l'enveloppe pressurisée et Cherbourg pour les tests.
D'après Microsoft, placer des data centers sous l'eau présente plusieurs avantages, le premier étant la chaleur massique de l'eau. Plus importante que celle de l'air, elle permet de mieux dissiper la chaleur produite par les ordinateurs, avec une élévation de température moins importante. Les différents géants du Web installaient jusqu'alors leurs data centers dans des régions nordiques pour réduire leur facture liée à l'énergie utilisée pour refroidir les serveurs.
Le deuxième avantage est l'espace occupé par les océans ; avec 50 % de la population mondiale qui vit à moins de 200 km de la mer, les stations d'amarrage comme celle du projet Natick peuvent se situer au plus près des utilisateurs, ainsi qu'au plus près des câbles sous-marins par lesquels transitent les données, autant d'éléments qui réduisent sensiblement la consommation d'énergie.
Le troisième argument de Microsoft est lié aux énergies marines renouvelables, qui pourraient à terme rendre ces data centers complètement indépendants de toute alimentation terrestre ou des énergies fossiles. La station de Naval Group et Microsoft a ainsi été installée dans le périmètre de tests du Centre européen pour les énergies marines. Reste encore à évaluer l'efficacité de ce data center sous-marin, un processus qui durera un an dans des conditions réelles d'utilisation.