Le navire aurait pénétré sans autorisation dans les eaux territoriales chinoises, affirme Pékin, qui revendique la souveraineté sur Taïwan. 

L’incident remonte à plusieurs semaines. Dimanche 7 avril, des navires de guerre chinois ont intercepté un navire de la marine française dans le détroit de Taïwan, a annoncé aujourd’hui le gouvernement chinois, indiquant avoir remis une protestation solennelle à la France. 

Le bâtiment a pénétré sans autorisation dans les eaux territoriales chinoises, a assuré devant la presse le porte-parole du ministère chinois de la Défense, Ren Guoqiang. 

« L'armée chinoise a envoyé des bateaux de guerre conformément à la loi afin d'identifier le navire français et lui intimer l'ordre de partir », a-t-il ajouté, sans préciser le nom du navire.  

Le bâtiment en question était peut-être la frégate Vendémiaire, qui était attendue cette semaine à Qingdao pour participer à un défilé naval pour le 70^ème anniversaire de la marine chinoise, et qui ne s’est finalement pas montrée. Paris n’a pas encore fourni d’explications pour ce changement de programme. 

L’identité du navire a été confirmée hier à l’agence Reuters, par deux responsables américains sous couvert d’anonymat. L’un d’eux a expliqué qu’il s’agissait bien de la frégate Vendémiaire, ajoutant ne pas se souvenir qu’un navire de la marine française ait déjà emprunté le détroit de Taïwan dans l’histoire récente. 

Selon lui, la Chine a fait savoir en conséquence que la France n’était plus invitée aux 70 ans de la création de sa marine. Cet incident diplomatique n’est pas le premier ; en février dernier, la Chine avait déjà protesté contre le passage d’un navire américain, dénonçant une « provocation ». 

L’interception de cette frégate s’inscrit dans le contexte d’un franchissement de plus en plus fréquent du détroit de Taïwan par des navires de l’US Navy. Ces passages irritent la Chine continentale, qui considère  toujours Taïwan comme une province rebelle et estime qu’elle fait partie du territoire de la RPC. 

Une source militaire française a déclaré que les « unités de la marine transitent toujours en respectant le droit international ». Il ne s'agit donc pas d'une erreur de navigation, mais bien de l'affirmation par la France que le détroit est ouvert à tous, et que Paris n'adhère pas au discours chinois.

La France « réaffirme son attachement à la liberté de navigation, conformément au droit de la mer », a indiqué jeudi un membre de l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly. La Marine nationale « transite en moyenne une fois par an dans le détroit de Taïwan, sans incident ni réaction », précise la même source. « Nous sommes en contact étroit avec les autorités chinoises au sujet de l'incident évoqué ce matin par le porte-parole du ministère chinois de la Défense ».

Le président Xi Jinping avait invité treize pays - parmi lesquels l'Inde, le Japon, le Vietnam et l'Australie - à participer au défilé naval, au cours duquel ont été présentés 32 navires de guerre, dont pour la première fois de nouveaux sous-marins à propulsion nucléaire.

Mais les cérémonies pour les 70 ans de la marine chinoise (PLAN) sont passées inaperçues. La faute au brouillard qui a masqué les navires, dont le porte-avions Liaoning.