28 Juillet 2020
Sur un bateau de 10 ou 12 m, un entrée d’eau de 1.000 L/Minute l’enverra par le fond en moins d’¼ d’heure. Ça va très vite.
Démarrer ou laisser tourner le moteur, débrayé 1500 tours, si la météo le permet;
Vous allez avoir besoin d’électricité autant assurer la charge des batteries.
Contacter les secours
Que l’entrée d’eau soit immédiatement visible ou non, si le niveau monte au dessus des planchers, votre VHF principale ne fonctionnera plus, il faut prévenir les secours et déclencher votre Epirb, si vous en disposez.
Le bateau sera peut-être au fond, avec son équipage dans le Bib ou l’annexe, au cours du prochain quart d’heure.
Démarrer l'assèchement à la pompe de cale manuelle
Partons du principe que l’équipage se compose de deux personnes. Mettez l’équipier à la pompe manuelle.
S’assurer du fonctionnement de la pompe de cale électrique
Ces appareils sont souvent branchés sur un interrupteur relié au tableau. Une pompe de cale ne doit JAMAIS être éteinte. Vérifiez.
Mettre en oeuvre la pompe de secours -si vous avez une-
Une pompe d’assèchement électrique (voir notre prochain article Voie d’eau ! (5/7) - Les types de pompes de cale) mobile ou une pompe fonctionnant directement sur le moteur vous apportent, dans ces situations, un complément de refoulement très appréciable.
Ces dispositifs d’assèchement d’urgence sont courants dans le monde maritime professionnel.
Rechercher la brèche
Démontez les planchers d’avant en arrière ou commencez par la zone surplombant la quille si vous avez talonné. Une fois localisée, manœuvrez, si la météo le permet pour placer la brèche sous le vent du bateau.
Attrapez un coussin ou quelque chose de souple, mettez le pied dessus. Ça ne va pas régler le problème, mais limiter l’entrée d’eau.
NB.: La construction polyester moderne est réalisée en assemblant par l’intérieur la coque, sur laquelle on stratifie (ou on colle) une structure, le contremoule comportant des renforts structurels (les varangues), le tout couvert d’un pont collé ou stratifié et vissé.
Dans ces cas, très courants, un impact sur la coque au niveau d’une zone reprise par le contremoule ne permettra pas un accès direct à la brèche, celle-ci demeurera invisible, on n’en verra que les effets : la montée de l’eau dans les fonds.
Poser un paillet
La pression hydrostatique exercée en fond de cale par l’eau environnante limite les possibilités de rebouchage par l’intérieur sans préalablement limiter cette pression.
Pour ce faire, il faut masquer la brèche depuis l’extérieur. C’est le principe du paillet.
A l’époque de la marine à voile, un paillet se formait en tressant des bouts et aussières sous forme de “paillasse” permettant de limiter le ragage des jas des ancres et d’autres espars.
En cas de brèche, on immergeait un tel paillet, relié à quatre bouts dont deux étaient filés sous la coque et ramenés sur l’autre bord.
- Passer une voile ou une bâche sous la coque
La méthode à base de voile, que l’on ferait passer sous la coque et qui viendrait se plaquer contre la brèche semble difficile à mettre en oeuvre, même avec un tourmentin de 4 m², trop encombrant, triangulaire et ne disposant que de 3 points d’attache.
Les voiles ont un creux qui les rend impropres à cet usage.
- Plaquer un objet de l'extérieur contre la coque
En forçant un bout dans le trou avec une tige, vers l’extérieur, on pourra le laisser filer et un équipier pourra le rattraper à l’arrière.
On peut sacrifier un panneau bois d’insonorisation moteur, à percer en son centre, ou on assujettira le bout pour ensuite ramener le tout contre la coque.
La mousse insonorisante épouse la forme de la carène pour assurer un semblant d'étanchéité.
En ramenant le bout, on peut laisser le pied sur le coussin.
Un panneau de CP fin 5 à 6 mm maximum, mouillé peut aussi être maintenu plaqué contre la coque avec des sangles à cliquet. Mais il faut se mettre à l’eau, du beau temps, un équipage nombreux et disposer de sangles et de CP...
- Le prélart maison
Un petit prélart en toile étanche forte, disposant de 4 œillets cousus aux quatre coins à fabriquer “maison” pour quelques euros pourra vous sauver la mise. D’une dimension réduite 2 m x 2 m, en toile 500/600 gr/m² avec 4 gros œillets cousus aux angles, sur lesquels on fixe 4 bouts (pas trop fins pour pouvoir les souquer). C’est un objet de plus qui encombre les coffres mais il en vaut probablement la peine.
Si l’impact est à l’avant, on peut le positionner sur l’étrave et le faire reculer ensuite.
C’est un système qui a fait ses preuves et que recommande la SNSM dans ses conseils contre l’envahissement .
- AirBob de nautinov
Encore un objet qui va encombrer les coffres !
AirBoB c’est l'équivalent d’un prélart et d’une réparation.
Une barre est introduite dans la brèche, elle est reliée à une ballon lui-même mis en compression contre la coque par une contre plaque.
En gonflant le ballon, on l’écrase entre la coque et la contreplaque.
50 stations SNSM et 15 coureurs de la Route du Rhum l’embarquent, pourquoi,pas vous ?
Attention, ce type de dispositif ne permettra pas de colmater une brèche dans les fonds d’un bateau polyester à contre-moule. Sans accès au travers de ce dernier, il ne sera pas possible d’installer la barre dans la brèche, non traversante !
Le prélart conserve son avantage !
- Le Turtlepac
Cet autre système mélange le principe du paillet, externe, aux avantages offerts par les coussins gonflable. C’est un prélart gonflable.
Les réparations par l’intérieur
Les navires marchands et militaires emportent à leur bord différents matériels pour faire face aux voies d’eau.
Parmi ceux-ci, de puissantes pompes d’assèchement, du matériel d’étayage, de coffrage, de colmatage (tôles, panneaux), du ciment à prise rapide.
Stopper une voie d’eau importante, par brèche, par l’intérieur, localisée nettement sous la flottaison, implique d’une part de pouvoir y avoir accès et, d’autre part, de pouvoir s’affranchir de la pression hydrostatique qui empêche souvent la réalisation des travaux.
Ce type de travail prend du temps. Si on n’est pas équipé d’un système de pompage supplémentaire TRÈS conséquent, en présence d’une brèche importante, le bateau sera au fond avant que l’intervention ne soit terminée.
En revanche, en présence d’une pompe telle que celle que nous décrivons dans notre dernier article portant sur le matériel d’urgence et la maintenance, il existe différents produits durcissant dans l’eau.
Parmi ceux-ci, on trouve différents produits à base de résine bien plus pratiques à utiliser que le ciment prompt de la marine marchande.
Vendu en kit de réparation, ces systèmes incluent un tissu à enduire.
Pour utiliser ce genre de produits sur une brèche plus importante, il faudra plaquer un morceau de bois ou de plexiglas sur le tissu largement enduit sur la brèche et l’y maintenir fortement.
Compte-tenu de la pression hydrostatique, c’est loin d’être simple de compresser une plaque sur une fuite présentant un débit important…
Deux méthodes cohabitent :
On dispose rarement de matériel adapté à bord. On peut imaginer étayer avec des portes ou des éléments -non structurels- de l’agencement du bord.
On peut envisager de visser la plaque, abondamment enduite, sur la coque avec des vis fortes et à la longueur adaptée.
Même si certains se targuent de disposer d’une visseuse “toujours chargée” à bord, pour travailler dans l’eau cet équipement est inutilisable. Il faudrait disposer d’une “chignole” manuelle pour effectuer le pré-perçage puis visser au tournevis la plaque sur la coque.
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