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Voie d'eau (2/7) - Les effets d'une voie d'eau et le dimensionnement des pompes

Une petite voie d’eau immergée sur la coque d’un navire de plaisance est capable de mettre équipage et embarcation en péril en quelques minutes.
Quels sont les ordres de grandeur et comment dimensionner son système de pompage ?

Voie d'eau (2/7) - Les effets d'une voie d'eau et le dimensionnement des pompes

L’envahissement

L’envahissement est la conséquence de la voie d’eau. Son débit d’une voie d’eau dépend de son diamètre mais aussi de sa profondeur, sous la flottaison.
Ainsi :

  • Une voie d’eau de 5 cm (rupture d’un passe-coque de WC), situé à 50 cm sous la flottaison génère une entrée d’eau de 7200 L / heure.
  • Une perforation de 150 mm de diamètre, à 1 mètre sous le niveau de la flottaison, permettra l’entrée de plus de 60 m3 d’eau par heure à bord.
  • Un hublot de coque qui saute sur un catamaran naviguant en mer formée provoque l’envahissement de cette dernière en quelques minutes seulement, avec des entrées d’eau supérieures à 30 m3/heure.

30.000 L, 60.000 L… Ce sont des volumes gigantesques qui enverront par le fond un bateau de plaisance en quelques dizaines de minutes et qui ne pourra être étalé qu’en présence d’un système de pompage adapté.

Effets

Reprenons notre exemple de rupture de passe-coque situé sous la flottaison.
Au bout d’une demi-heure, ce sont plus de 3000 L, soit 3 tonnes d’eau qui auront envahi les fonds. En présence d’une pompe de cale unique, de taille moyenne (2000 L/heure installation rencontrée sur la plupart des bateaux de plaisance de moins de 12 m), incapable d’assécher de tels volumes, cette quantité d’eau va probablement noyer les batteries, si la boîte de branchement de cette dernière n’est pas inondée avant, mettant ainsi HS le système de pompage.
Avec des batteries hors service, c’est la VHF de bord et les instruments de navigation que l’on perd et il peut devenir difficile de prévenir les secours.
Sous l’effet des vagues et de l'envahissement, l’assiette va varier jusqu’à immerger les hublots ou le panneau de descente.
En effet, bien souvent, le dimensionnement des systèmes de pompage de cale, sur les bateaux de plaisance, n’est tout simplement pas dimensionné pour étaler une voie d’eau accidentelle.

Les choses vont très vite

En Août 2019, sur le parcours d’arrivée du Tour des Yoles de Martinique, un catamaran de 50’, chargé de 27 passagers perd un hublot de coque par mer formée.
La SNSM, présente sur place à 4 NM prends la photo ci-dessous à son arrivée sur les lieux, moins de 15 minutes avant le début de l’incident.

Dimensionner les pompes

La sagesse voudrait, pour commencer, que le système de pompage soit capable d’étaler une entrée d’eau conséquente de l’ordre de 15.000 L/heure. Suivant la taille des bateaux, ce sont deux pompes, trois ou quatre pompes, reliées à autant de circuits d’évacuation distincts et de lignes électriques qui devraient être installées.
Nota : Sur les catamarans, ce sont 4 pompes qui devraient être installées, deux par coque.
Une façon de raisonner pourrait être se s’équiper afin de pouvoir étaler une entrée d’eau comparable à celle générée par la rupture d’un passe-coque.
Pour ce faire, il faudrait disposer de deux pompes 12 ou 24 V de forte capacité (plus de 150 L/Minute).
Pour faire fonctionner ces pompes qui consomment, en pointe, pas loin de 20 Ah, il faudra disposer d’un parc de batteries “servitude” d’une taille compatible, intelligemment installées (voir notre article Voies d’eau 6/7 Installation des pompes de cale).

Réaction en cas de voie d’eau

La SNSM explique très bien la marche à suivre en cas de découverte de voie d’eau :

  • Lancez toutes les pompes du bord pour évacuer le maximum d’eau.
  • Lancez le moteur pour pouvoir utiliser la pompe de cale (Nota : et dispenser du courant vers vos parcs de batteries) .
  • Localisez la voie d’eau.
  • Goûtez l’eau :

- Douce : c’est (Nota : Une connexion, première cause des fuites d’eau douce) un réservoir crevé, une accumulation d’eau de condensation ou de pluie
- Chaude : une durit du circuit de refroidissement du moteur est percée, (Nota : vérifiez aussi le chauffe-eau, moins grave)
- Salée : la mer entre dans le bateau.

  • Remontez la fuite en la suivant à la main.
  • Vérifiez chaque vanne, tuyaux et passe-coque.
  • Aveuglez la voie d’eau par l’intérieur avec tout ce que vous avez sous la main : paillet, coussin, matelas, etc.
  • Posez une planche dessus pour assurer la rigidité de l’ensemble.
  • Colmatez la brèche par l’extérieur en utilisant une voile ou un prélart.
  • Bouchez le trou si cela est possible avec un matériau polymérisant pour limiter la voie d’eau le temps de rallier le port le plus proche.
  • Prévenez les secours en mer (VHF : Canal 16 / Téléphone : 196) en envoyant un message de détresse.

A ces conseils, si la voie d’eau vient de la coque, on peut avantageusement manœuvrer le bateau afin de placer la brèche sous le vent et limiter ainsi la pression hydrostatique réalisée par les vagues.
On peut aussi parfois jouer sur l’assiette du bateau en déplaçant son équipage et gagner ainsi quelques centimètres de gîte permettant de limiter la voie d’eau.

Pour combattre l’envahissement, nous allons nous intéresser, dans nos prochains articles, aux ruptures de passe-coque et aux brèches de coque.

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