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Les vagues scélérates (1/3) - Qu’est-ce que c’est ?

Les vagues scélérates, rogue waves ou killer waves en anglais sont des phénomènes maritimes longtemps inexpliqués.
Qu’est-ce qu’une vague scélérate ?

Les vagues scélérates (1/3) - Qu’est-ce que c’est ?

En Océanographie, la “Significant Wave Height, SWH” décrit la hauteur moyenne instantanée des vagues en un point donné des océans.
Une vague scélérate présente une hauteur double de la SWH.

La littérature maritime fourmille de descriptions d'énormes vagues, imprévisibles, capables de raser un pont. Bougainville, Conrad, Moitessier, Janichon, et tant d’autres décrivent depuis fort longtemps ces phénomènes.
L’estimation d’une hauteur de vague étant particulièrement difficile à apprécier, les terriens ont longtemps considéré qu’une part d'exagération entrait dans la description de ces phénomènes.

La théorie classique de formation des vagues (formée par Sir Georges Biddell Airy à l’époque victorienne) utilise un modèle sinusoïdal linéaire qui, compte tenu des masses d’eau en jeu, interdit théoriquement la formation, de vagues d’une hauteur supérieure à 12 m ou 40’. C’est cette théorie qui dominait jusqu’au milieu du XXe siècle.

Sir George Biddell Airy

Quels sont les exemples de telles vagues ?

En 1914, Trinidad Head, Californie

Lors d’une tempête d’hiver, le socle du phare de Trinidad Head, 30 m de hauteur, a été entièrement submergé par chaque vague dès le 30 décembre. Puis, le 31 décembre, le gardien vit arriver un monstre d’une taille incroyable. Quelques instants après, c’est l’impact, la maçonnerie bouge, les portes intérieures sont arrachées de leurs gonds, la lanterne est noyée et le gardien ne doit le salut qu’à la solidité de la rambarde, à laquelle il parvint à s’accrocher, quand la mer se retira. Il ne s'agissait pas d’embruns mais de la vague elle-même qui atteignit alors la hauteur du phare soit 54 m.

1940, Atlantique nord
Un cargo signale et photographie une vague estimée à 100’ (35 m) de hauteur qu’il parviendra à prendre par le ¾ arrière.

La photographie en question

1er janvier 1995, Atlantique nord

La plateforme pétrolière Draupner, équipée de matériel d’enregistrement de hauteur de vagues est frappée par une vague mesurée à 26m de hauteur. 2 fois la SWH. C’est le premier enregistrement d’une telle vague. Et c’est l'enregistrement de ce phénomène qui entraîna le changement de modèle scientifique théorique de formation des vagues.

L’enregistrement de la vague

Comment se forment les vagues scélérates ?

La formation pendant un épisode météorologique violent
Les trains de vagues formés par le vent, les vagues du vent, forment des séries plus ou moins régulières, à l’apparence d’une onde sinusoïdale. Lors de l'apparition d’un orage dans une tempête, les vents levés brusquement peuvent lever des vagues dont les directions peuvent interagir avec celles des vagues du vent.
A la rencontre de ces deux phénomènes, il peut résulter une forte augmentation de la hauteur, longueur ou du creux. En se télescopant, ces deux ondes liquides s'additionnent.
C’est la vague scélérate.

La vague de tsunami
Lors d’un tsunami, un mouvement d’écorce terrestre d’origine magmatique (séisme, éruption sous-marine, glissement de terrain sous-marin) provoque le déplacement de gigantesques masses d’eau formant, en surface une onde, une vague de tsunami. Celle-ci se déplace alors sur de très longues distances, sans que sa hauteur soit nécessairement très élevée, tant que la profondeur est importante, puis s’élève au fur et à mesure que diminue cette dernière, pour atteindre plus de 30 m au niveau des côtes.
Lorsque circule l’onde de tsunami, à près de 800 km/h, la hauteur de vague, sur une hauteur d’eau importante, peut ne pas dépasser les 50 cm.
Quand ces vagues rencontrent les vagues du vent et du courant suivant différents angles, et leur impact génère une onde résultante, une vague scélérate.

Les différents types de vagues scélérates
Lorsque les différents types de vagues (vagues du vent, du courant et du phénomène météorologique isolé ou du tsunami) se produisent dans la même direction, la vague résultante, la scélérate, peut perdurer de très longues minutes.
Au contraire, lorsque les directions ne coïncident pas, le phénomène, sans perdre de sa violence, ne dure pas, la vague naissant de l’impact de ses différents phénomènes constitutifs opposés voit son énergie s’annuler, en quelque sorte. C’est dans ces cas que l’énergie des vagues, du vent et celle du phénomène météorologique ou magmatique s’additionnent puis s’annulent en donnant naissance aux plus importantes vagues scélérates.

 

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