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Tout sur les vagues scélérates (3/3) - Où elles se forment, les endroits à éviter

Y a t-il des endroits à éviter sur le globe en navigation pour être sûr de ne pas rencontrer de vague xcélérate ?? Nées d’une combinaison de différents phénomènes, les vagues scélérates, "rogue waves” en anglais, ne semblent pas précisément localisées. S'il existe de “mauvais coins”, elles peuvent aussi frapper n’importe où, en raison de leur origine, pas toujours décelable.

Tout sur les vagues scélérates (3/3) - Où elles se forment, les endroits à éviter

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Les vagues scélérates naissent souvent de l’impact ou du cumul d’une vague née du vent ou du courant avec une autre d’origine météorologique, sismique ou en rapport avec la bathymétrie des fonds.
Lorsque deux vagues s'unissent ainsi, leur période résiduelle peut dramatiquement chuter au profit de leur hauteur (la fréquence d’une onde est liée à la longueur d’onde de cette dernière) et donne naissance à un monstre.

Les facteurs de risque

Si les facteurs météorologiques ou sismiques sont encore difficiles à prévoir, des zones marquées par d’importants courants océaniques sont bien connues pour donner naissance à des vagues géantes.

Les zones de courant

Des courants océaniques comme le Gulf Stream parcourent les océans en tous sens.
Ces grands courants sont de deux types : les courants de surface, générés par les vents dominants et déviés par la force de Coriolis, et les courants de fond, générés par les différences de gradient de température ou de densité.
On estime à 10% les courants de surface, quant aux courants profonds, les plus importants, ils sont encore très mal connus. Ces derniers s’assimilent à de véritables fleuves souterrains et leur cartographie est mal connue du public.

Les branches sous-marines des grandes marines militaires rechignent à exposer le fruit de leurs trouvailles concernant ces sujets que leurs engins utilisent très discrètement…
Pour compliquer l’évaluation des risque et l’impossible prévision de ces vagues, des contre-courants latéraux, les courants de Foucault, circulent en périphérie des courants principaux. Ces contre-courants sont tout aussi capables de déclencher une vague géante. 

  • Courants des aiguilles

Courant nord-est sud-ouest le long de la côte est de l’Afrique, ce courant est réputé l’un des plus puissants du monde, avec une vitesse atteignant les 8,5 km/h.
C’est ici que s'est perdu le Waratah (dont nous avons parlé dans notre second article) ainsi que près de 50 autres navires au cours des quelque trente dernières années, du fait de vagues géantes, les rogues waves. C’est le secteur du globe le plus exposé à ce phénomène, que le mauvais temps porte du sud-ouest ou du nord-est.

  • Gulf stream

Puissant courant circulant autour de l'Atlantique nord, le Gulf-stream atteint une vitesse de 9 km/h au large de la Floride. Les deux incidents des Queen Mary s’y sont déroulés, tout comme l’accident du Wildstar et la disparition du München, que nous évoquions dans notre second article de cette thématique. Le RMS Olympic, sister ship du malheureux Titanic perdit en 1926, les vitrages de sa passerelle à l’impact d’une vague de plus de 20 m de hauteur.
En octobre 2015, un navire d’observation des cétacés a été frappé par une vague d’une vingtaine de mètres de hauteur, qui l’a fait chavirer et causé la mort de 5 passagers.
Le fameux Triangle des Bermudes est traversé par le gulf stream. Une étude américaine a prouvé la possibilité de perdre un avion évoluant à basse altitude lorsqu’il est frappé par une vague géante.

  • Le courant Kuroshio

Courant chaud océanique orienté nord-est le long des côtes est du Japon, il signifie “courant noir”. Ses eaux chaudes valent au Japon ses récifs coralliens les plus septentrionaux du monde.
C’est dans ces eaux que s’est perdu le MV Derbyshire (voir notre article “Vagues scélérates (2/3) - Les témoignages et les naufrages) et qu’en 1963, le célèbre croiseur-école porte-hélicoptères français “Jeanne d’Arc” encaissa 35° de gîte par trois lames consécutives estimées entre 15 et 20 mètres de hauteur. Le témoignage du second, dans une note destinée au personnel après l'incident (disponible ici) est tout à fait édifiant, nous vous en conseillons la lecture !

La “Jeanne”

Phénomènes aléatoires dépendant de paramètres météorologiques changeants, on ne peut prévoir une vague géante. Tout au plus, on peut la détecter via un réseau de bouées ou balises de surveillance ou un navire touché, puis diffuser l’information. Si l’on était confronté à un incident de ce type, qui laisse très peu de chances à un navire de plaisance, il faudra barrer à la vague, mais quelle vague, et laisser son destin entre les mains d’un créateur ou, pour les agnostiques, entre celles de la chance…

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