Les moteurs à explosion, diesel comme essence, hors-bord et in-bord, subissent les assauts du temps. La maintenance préventive permet d'anticiper certaines pannes bien connues tandis que d'autres sont impossible à intégrer dans ces programmes préventif au vues du coût prohibitif qu'elles engendrent.

Comment sonder l'état de son moteur et obtenir des informations sur son étanchéité et sur l'usure de certaines pièces internes ? En effectuant une analyse de l'huile moteur.

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L'analyse d'huile, un excellent indicateur de l'état du moteur

A la manière d'un médecin de famille qui prescrit, de temps à autre, un checkup et une batterie de tests sanguins à son patient qu'il connaît bien, le test d'huile moteur permet de connaître et de déceler certains paramètres vitaux concernant le moteur. D'une manière tout à fait similaire avec les tests sanguins, les analyses d'huile moteur produisent leurs meilleurs résultats lorsqu'elles sont menées périodiquement. On dispose alors d'un historique des valeurs, capable d'orienter le diagnostic.

Très prisées par les experts maritimes, par leur caractère non-invasif, ces analyses permettent d'obtenir des informations essentielles à partir d'un simple prélèvement d'huile moteur, sans démonter ou déposer quoi que ce soit.

Usure des organes métalliques

Les composants du moteur sont réalisés dans différents métaux.

• Les pistons sont généralement faits d'aluminium.
• Les cylindres et culasse, sont faits de fonte d'acier.
• Les segments, vilebrequin et bielles du usinés dans un acier à forte teneur en Chrome et en molybdène.
• Les coussinets de bielle et de vilebrequin, sur lesquels tournent ces derniers organes, contiennent du cuivre et de l'étain.

A force d'usage, les pièces en mouvement s'usent, relâchant de fines particules métalliques dans le lubrifiant. Ces particules sont (partiellement) évacuées avec l'huile lors des vidanges.

L'analyse par spectrométrie de la nature et de la concentration de ces particules permet d'en déduire l'usure normale ou anormale d'un ou plusieurs organes. Les labos procèdent par comparaison des concentrations de ces particules qui sont fonction de l'âge -nombre d'heures- du moteur. La comparaison se fait en rapprochant des tables de concentrations "normales" de celles relevées.

À gauche, un piston à bout de souffle.

Défaut d'étanchéité

Présence de glycol

Le liquide de refroidissement contient du glycol et de l'eau distillée.

Les circuits de refroidissement et de lubrification sont distincts. La présence de glycol dans l'huile indique à coup sur une mise en communication de ces deux circuits. C'est souvent le joint de culasse qui présente un défaut à moins que ce ne soit la culasse et son plan de joint ou, plus grave, un fissure sur un cyliondre.

Sur ces soupapes d'échappement, le coloris cuivré est due à l'infiltration de glycol de refroidissement dans le cylindre. L'analyse de l'huile permet de détecter ce problème très en amont du déclenchement d'une panne lourde.

Présence de sodium (sel)

Un système d'échappement défaillant peut laisser entrer de l'eau de mer dans les cylindres. C'est un problème gravissîme qui vient souvent d'une mauvaise conception de l'antisiphon monté sur la ligne.

Salée, cette eau possède un pouvoir de corrosion élevé sur les cylindres réalisés en fonte d'acier.

On voit bien l'oxydation sur cette image de soupape d'échappement.

Le sel peut aussi entrer par une admission d'air insuffisemment protégée. Le même effet peut avoir deux causes !

Présence de silice

La silice ou silicium qui se retrouve dans l'huile provient de l'air aspiré puis brûlé dans les cyclindres.

La détection d'un niveau anormal de silice démontre un défaut de filtration de l'air dont des particules solides parvienenent dans les chambres de combustion. Il faut changer le filtre à air !

Dégradation du lubrifiant

L'analyse de la viscosité du lubrifiant permet de mettre en lumière la fluidité de l’huile.

Plus fluide, l'huile est diluée de carburant, plus épaisse, elle est dégradée.

L’interprétation du résultat se fait par comparaison avec l’huile neuve, l'analyse met en lumière :

• La détérioration thermique ou chimique du lubrifiant. Un lubrifiant récent de qualité dégradé thermiquement indique un problème d'échauffement anormal.
• La pollution par le combustible, recherche d'hydrocarbures ou par les suies, recherche de carbone, démontre une mauvaise combustion signe d'un problème ou d'un mauvais réglage d'injecteur, de carburateur ou de pompe d'injection.

L'indice de basicité, TBN, un test interessant pour les moteurs marins

L’indice de basicité est une mesure qui exprime sa faculté à neutraliser les composants acides nés de la combustion interne du carburant.

Il s’agit d’un indicateur du niveau d’additifs détergents et dispersants et de leur capacité pour neutraliser les composés acides qui sont formés pendant la combustion.

Une diminution du TBN exprime une perte des qualités alcanisantes de l'huile et une augmentation de l'acidité dans le moteur, prélude à des dégâts par corrosion acide.

Des analyses destinées au moteur mais pas uniquement

Les transmissions (inverseurs) baignent dans un fluide dont l'analyse peut apporter des informations sur la présence anormale de limailles et microparticules métalliques, mais aussi sur une dégradation du fluide dû à une température trop élevée.

Nous avons ainsi observé un inverseur dont la commande, mal réglée, produisait des enclenchements non-francs et une élévation de la température - dégradation du fluide - ainsi que la présence de particules métalliques en proportions anormalement élevées.

L'analyse du fluide des systèmes hydrauliques peut démontrer un problème de pompe ou encore les effets d'un mauvais réglage de commande. 

Enfin, pour les mêmes raisons que celles qui poussent à analyser l'huile moteur, celle des générateurs devrait aussi être analysée.