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Costa lâche le commandant du Costa Concordia

Trois jours après l'échouement du paquebot de croisières Costa Concordia au large de l'île de Giglio, en Toscane, la compagnie Costa Croisières semble lâcher le commandant du navire, Francesco Schettino, après l'avoir un temps défendu.

 

Car ce naufrage apparaît avec du recul à proprement parler hallucinant, qui a fait 6 morts, une cinquantaine de blessés et 15 disparus, dont deux couples de Français, alors que les conditions météorologiques étaient parfaites et que le navire ne semble pas, à ce stade de l'enquête, avoir eu de défaillance technique.

 

Dans un communiqué de presse, la société Costa a accusé le commandant de son navire d'avoir commis de lourdes erreurs, tant dans la route suivie par le Costa Concordia, que dans la gestion de l'urgence.

 

Le dernier témoignage en date est irréaliste de légèreté : selon le Corriere Della Sera, l'officier aurait rapproché son navire de l'île afin de faire plaisir au chef des serveurs du bord, originaire de Giglio, et qui n'avait pas pu prendre de permission par manque de remplaçant ! Ce dernier, Antonello Tievolli, se serait penché au dessus du bastinguage et aurait prévenu du danger, juste avant l'impact. 

 

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accéder au site du Corriere Della Sera

 

Ce témoignage, qui sera versé au dossier d'enquête renforce un peu plus la thèse de l'erreur de pilotage.

 

Il apparaît en effet que le navire suivait une route bien trop proche de la côte, environ 550 mètres à peine, ce qui est incroyablement près pour un navire de 290 mètres de long et 114000 tonnes. Si dans un premier temps, le commandant du navire a indiqué avoir touché un éperon rocheux qui n'était pas indiqué sur les cartes marines, il semble que cette ligne de défense ne puisse tenir.

 

La zone d'impact située par babord arrière, la déchirure de la coque sur environ 70 mètres et le fait que le stabilisateur babord soit intact font plutôt penser à un brutal changement de cap du navire qui aurait fait chasser l'arrière du paquebot vers les récifs. En bref, se rendant compte au dernier moment que le navire suivait une mauvaise route, son pilote aurait brutalement viré de bord dans une manoeuvre désespérée.

 

Ce scénario serait d'ailleurs corroboré par le fait qu'avant l'impact, les passagers auraient nettement senti de fortes vibrations accompagnées d'un bruit sourd, semblables au bruit de cavitation des hélices qui survient lors de manoeuvres musclées.

 

L'erreur de navigation est aujourd'hui l'hypothèse qui semble privilégiée par les enquêteurs, qui ayant récupéré les "boîtes noires" du navire, vont pouvoir vérifier toute éventuelle défaillance technique du navire.

 

Si erreur de navigation il y a, la décision prise ensuite par la commandant du navire a été la bonne, qui a consisté à tenter d'échouer son navire en le rapprochant le plus possible de la côte et notamment du port de Giglio. En cas de naufrage par forte profondeur, il est fort à parier que le navire se soit retourné et que le bilan humain aurait été bien plus lourd.

 

Au moment du choc, le navire poursuivait une direction sud-nord, s'établissant entre l'île de Giglio, par babord, et la côte italienne par tribord. L'échouement du navire en sens opposé démontre qu'après le choc, le navire a fait demi tour et a tenté de s'échouer dans le port de Giglio, dont il s'est finalement échoué à quelques encablures, parvenant à rester en partie émergé avec une gîte de 80%.

 

Parmi les points reprochés au commandant du Costa Concordia, l'abandon de son navire, un chef d'inculpation qui pourrait lui valoir 12 ans de prison.

 

Alors que l'évacuation du bâtiment a duré jusque vers 5-6h00 du matin, dimanche, l'officier était à terre dès 23h30. Il aurait même refusé de remonter à bord pour organiser les secours, malgré la demande pressante des sauveteurs. Ce comportement étonnant devra être analysé par la justice mais semble à priori hallucinant de la part d'un officier qui, avant de prendre un commandement, était responsable de la sécurité de la compagnie Costa Croisières.

 

 

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