15 Janvier 2012
Alors que les autorités dénombrent 3 morts, dont deux croisiériste français et un membre d'équipage péruvien, 14 blessés et 40 disparus dans le naufrage, cette nuit, du paquebot géant Costa Concordia (groupe Carnival Corporation) au large de l'Ile de Giglio, sur la côte de Toscane, les premiers témoignages des naufragés apparaissent comme particulièrement troublants.
Le commandant de bord, Francesco Schettino, a déclaré à la télévision que son navire avait heurté "un éperon rocher non signalé sur ses cartes", par babord arrière, choc qui a laissé dans la coque une déchirure de près de 70 mètres ainsi qu'un morceau de roche de plusieurs tonnes. Après plusieurs heures d'interrogatoire, l'officier et son second, ont été incarcérés ce soir sur réquisition du parquet de Grossetto, pour homicide multiple, naufrage et abandon de navire...
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Le film des évènements du naufrage du Costa Concordia, les 13 et 14 janvier 2012
Selon les témoins, le bateau aurait percuté le rocher vers 20h30, alors que les passagers dînaient, en compagnie du commandant, les officiers de son équipage étant à la manoeuvre. Dans un premier temps, l'équipage auraient annoncé une panne de générateur, mais la gîte prise par le navire a rendu l'explication peu crédible. Une heure plus tard, l'ordre d'évacuation des passagers est donné
La proximité de la côte
Plusieurs témoins avant même le naufrage du navire, se sont étonnés de sa navigation, très proche de la côte, en particulier eu égard à la taille du navire, près de 290 mètres de long.
Giorgio Fanculli, journaliste du GiglioNews, le web magazine de l'île, s'en est ému et étonné, déclarant à nos confrères du Monde, que pour lui, l'itinéraire suivi par le bateau de croisière était bien plus proche de la côte que généralement pour ce type de navire.
La panique à bord, l'impréparation de l'équipage
Entre le choc initial, la gîte immédiate, l'annonce d'une panne de génératrice puis l'ordre d'évacuation donné un heure plus tard, en pleine nuit, autant dire que la panique qui régnait à bord du navire était à son comble. Une journaliste italienne en croisière, décrit des scènes d'hystérie, digne du film Titanic.
Pendant l'heure entre le choc initial et l'ordre d'évacuer le navire, le courant est en partie coupé dans le navire mais les consignes diffusées par l'équipage indiquent que le problème va être réglé. Des passagers habitués des croisières récupèrent eux, des gilets de sauvetage, et se dirigent vers des points de rassemblement.
L'équipage semble alors totalement désorganisé et peu prêt à réagir face au drame.
Le descente des canots est rendue d'autant plus difficile que des passagers ont parlé de "systèmes rouillés" et de personnels peu à même de la manoeuvre. Certains gilets de sauvetage ne fonctionnaient pas en outre. L'enquête devra préciser ces faits mais toujours est-il que la gîte prise par le navire semble avoir empêché la descente de certains canots. Pis, l'affolement général, le manque de réactivité de l'équipage et les files d'attente aux canots ont poussé près de 300 personnes à se jeter à l'eau. Un phénomène sans doute accentué par toute absence d'exercice d'évacuation conduit à bord...
D'autres témoins précisent avoir été choqués de toute absence de comptage à la montée dans les canots et à l'arrivée sur l'île. Une fois à terre, les rescapés ont pour la plupart été hébergés chez des iliens. Les autorités n'ayant pas de listing des passagers sauvés, ce flou explique que le nombre de disparus communiqué dans la journée de samedi, ait longtemps été estimé à 70 avant de passer à 40 en fin de journée.
Certains passagers enfin, s'étonnent d'avoir observé des membres d'équipage et des officiers déjà à terre, avec des couvertures, alors que le bateau sombrait encore et que certains passagers se jetaient encore à l'eau...
Alors que l'enquête ne fait que débuter, la compagnie Coasta Croisière a indiqué être choquée par cet accident et a présenté ses condoléances aux familles des victimes ezt aux personnes qui souffrent, précisant que le commandant du navire avait 11 ans d'expérience, que le navire effectuait 52 fois par an, le trajet Civitavecchia-Sacone par an et qu'en 60 ans d'existence, la compagnie Costa n'avait jamais connu pareille tragédie.
Le gouvernement français a mis en place un numéro d'urgence aux familles, le 01.43.17.56.46.
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Photos : La Repubblica