24 Mars 2016
La politique française portée par certains ministres, Ségolène Royal en tête, ressemble décidément à un théâtre de marionnettes, où la précipitation et le manque de professionnalisme rivalisent, au principe qu'il faut légiférer pour exister !
Sur un marché nautique français difficile, les chantiers hexagonaux ne peuvent plus désormais compter que sur l'export pour s'en sortir, et les chiffres des immatriculations ne sont pas franchement réjouissants depuis décembre, mettant à mal toute la filière de la distribution, des ports de plaisance et du tourisme nautique, soit 40 000 emplois !
Cette langueur qui détonne dans une Europe nautique pimpante et en plein redémarrage, il faut en trouver la source dans les incertitudes réglementaires et législatives qui pèsent sur le nautisme depuis le début du quinquennat actuel.
Car depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, le nautisme rime dans les allées du pouvoir avec "activité de riches", feignant d'oublier que 80% des bateaux de plaisance français font moins de 8m de long et sont loin d'être neufs, que les grands yachts ont déserté nos côtes au profit de la Croatie, de la Grèce et de l'Italie, alors que la filière nautique emploie encore 50 000 personnes et exporte plus de 70% de sa production...
Tandis que le gouvernement italien a adopté toute une série de mesures qui ont dopé la filière nautique transalpine, le gouvernement français poursuit avec la bonhommie insouciante qui le caractérise, une stratégie diamétralement opposée, non par volonté idéologique, car son idéologie semble assez incertaine, mais par manque d'intérêt, d'écoute et de compétences...
L'an dernier, la rocambolesque affaire de taxe mouillage, portée par un potentat local qui avait vu dans cette taxe, un moyen aisé de renforcer son clan à l'aube des régionales, avait glacé d'effroi la profession, et heureusement pu être stoppée à temps. Il n'empêche qu'elle avait refroidi plus d'un candidat à l'achat d'un bateau, conduisant à repousser bon nombre d'acquisitions.
Cette année, le gouvernement récidive avec l'eco-taxe sur les bateaux de plaisance !
En France, gouverner, c'est décider sans prévoir !
Hier, dans la plus grande précipitation et sans aucune étude d'impact, l'Assemblée Nationale a donc voté la création d'une éco-taxe, selon le principe que désormais, en France, gouverner, c'est décider sans prévoir !!
Un vote que dénonce la filière nautique française, déplorant "l’inconséquence de la ministre de l’Ecologie à précipiter la mise en place d’une filière REP de déconstruction des bateaux de plaisance sans aucune étude d’impact sérieuse" et qui s'interrogent d'ailleurs "sur l’objectif poursuivi".
Alors que les acteurs économiques sont unanimes pour accompagner la filière de déconstruction des bateaux qu'ils ont eux même créé de toute pièce, il y a 10 ans déjà (!!), la ministre de l’Ecologie et son ministre délégué ont, pour les professionnels de la filière, et notamment la Fédération des Industries Nautiques, "une nouvelle fois fait comprendre aux sénateurs qu’ils souhaitaient imposer la publication de tous les textes relatifs à la mise en œuvre de cette filière (décret, cahier des charges, …) au 1er janvier 2017".
Passer en force, sans écouter les professionnels des Industries Nautiques
Depuis plusieurs mois, la Fédération des Industries Nautiques, représentant la filière nautique composée de 5000 entreprises, s’est engagée dans un travail avec les administrations et les élus pour développer de façon réaliste la filière de déconstruction des bateaux de plaisance.
Dans le cadre de l’examen de la proposition de loi sur l’économie bleue, des amendements ont été déposés par des parlementaires de la majorité et de l’opposition. Leur objectif consistait simplement à repousser au 1er janvier 2018 la mise en place de cette filière REP de façon à permettre aux administrations de conduire une réelle étude d’impact et à permettre au secteur de s’organiser sans précipitation.
Soutenus par la commission du développement durable de l’Assemblée Nationale en février, portés par le rapporteur du Sénat le 24 mars, ces amendements n’ont pourtant pas trouvé d’écho favorable au gouvernement. Battu par une forte majorité sénatoriale hier soir, il est fort à craindre que le Ministre délégué à la mer fasse retirer ces dispositions lors de la prochaine commission mixte paritaire.
Un an de moratoire, est-ce trop pour Ségolène Royal ?
Cette situation est d’autant plus incompréhensible, qu’il y a quelques semaines, les 21 membres de la Confédération du Nautisme et de la Plaisance, réunis en Assemblée Générale, demandaient solennellement au Premier ministre d’écouter la voix des acteurs de l’économie bleue (entreprises, associations, fédérations sportives, ports de plaisance) et des élus de la République en vue du débat au Sénat au mois de mars.
Aujourd’hui, l'ensemble des acteurs économiques, associatifs et politiques de la plaisance et du nautisme réclament une année supplémentaire afin d’élaborer un modèle économique cohérent et réaliste au regard des enjeux de la filière et des intérêts des entreprises Françaises.
Force est de constater que ces appels demeurent vains.
L'attitude de déni de la Ministre de l'écologie laisse donc à suggérer que derrière un calendrier irréaliste, se cacherait en fait une simple posture purement politicienne : faire figurer cette réforme a son bilan avant les élections de 2017.
Ou comment être prêt à sacrifier une filière industrielle à l'aune de simples ambitions politiciennes...