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A Rumbo Libre au Brésil - d'Iguaçu à Rio de Janeiro, pendant la saison des pluies

Avril 2013 - Iguaçu. Titre mensonger : les chutes d'Iguaçu sont ici photographiées depuis le côté... argentin !

 

 

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Les "lanchas" (bateaux à moteur) embarquent les touristes "prendre une douche" aux pieds des chutes. Elles font rugir leur moteur et s'élancent à plein régime vers les remous où elles s'arrêtent tout net pour se laisser dériver vers l'extérieur. Le pommeau de douche se trouvant à 82 m au-dessus, il faut une sacrée dextérité au barreur pour ne pas se laisser emporter par le poids du débit ! Les petits gilets jaunes ne seraient malheureusement pas d'une grande utilité en cas de shampooinage…

 

Le site, classé Merveille du Monde dans la catégorie Nature, constitue une frontière naturelle entre le Brésil et l'Argentine (et le Paraguay n'est pas loin). On a vu des frontières plus laides. Comme toutes les Merveilles du Monde, il faut y faire abstraction des milliers de touristes qui vous côtoient et se concentrer sur un paysage qui a certainement fait vibrer Indiana Jones et 007. M'extirpant de la foule, du bruit, des infrastructures touristiques, j'imagine la stupéfaction des hommes qui arrivèrent là, par hasard, guidés par les indiens guaranis... Le nom Iguaçu provient d'ailleurs de la langue guarani et signife "grandes eaux". Un site réellement fantastique.

 

Sur place, des bestiaux étonnants : papillons géants de toutes les couleurs et même transparents, toucans et autres oiseaux colorés, mais notre préférence va aux coatis, ces sales bêtes qui sont capables en 3 secondes d'ouvrir votre sac, d'y trouver le MEILLEUR paquet de gâteaux, et d'en manger la moitié. Vous, tétanisé(e) par ces dizaines de petites pattes griffues qui vous frôlent, voire qui prennent appui sur vous, vous attendez l'intervention d'un gardien puisque votre "amie" rit trop pour vous aider. Il ne vous reste que vos yeux pour pleurer et l'autre paquet de gâteaux, le mauvais, à manger tristement.

 

Bande originale : Um pais tropical, par Daniela Mercury, qui raconte qu'elle vit dans un pays tropical, béni par Dieu et beau par nature... Je sais pas pour Dieu mais pour la nature et le climat tropical, je confirme.

 

 

 


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Porto da Cima. Halte en pleine Mata Atlantica avant de rejoindre la côte enchanteresse

 

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Dans la série "Hébergement insolite", je demande une chambre d'hôpital. Occupation prévue : de 1h du matin, heure d'arrivée, à 5h45, heure de départ souhaitée par l'équipe de nuit. Les Brésiliens sont extrêmement accueillants et arrangeants avec les étrangers mais ils préfèrent éviter les histoires. Ça tombe bien, nous préférons éviter la toilette du matin… "Nous" car la fameuse "amie" des coatis a faussé compagnie à Paris pour un morceau de route brésilienne :-).

 

A Porto da Cima, nous nous faisons accoster par le personnage le plus étrange qui soit. Alceu vit sur le sentier qui mène au parc et nous propose de planter la tente chez lui. Faux-airs de petit hippie, de boudhiste, de grand-sage indien, de clochard et d'ex-camé tout à la fois, nous hésitons, hésitons (déjà dormi chez un clochard, vous ?) puis acceptons "pour voir". Nous découvrons une petite bicoque en bois, relativement inachevée mais équipée d'une cuisinière qui ravira nos papilles, bâtie sur un terrain un poil fouilli mais surtout typique de la Mata Atlantica (forêt tropicale de la côte Atlantique) ! Et les arbres fruitiers sont au rendez-vous… Bananes de différentes sortes (les plus délicieuses sont les petites. Moi qui suis déja fan des bananes du rayon fruits de votre supermarché traditionnel, je suis aux anges !) carambola (fruit jaune dont la coupe, au lieu d'être bêtement ronde, forme une étoile), ananas, etc. Menuisier à ses heures, philosophe et étonnament cultivé, Alceu vit ici, tout simplement. On oublie tellement vite que la culture et l'intelligence n'ont pas attendu Internet et les autoroutes pour s'infiltrer dans les esprits. Des fruits, de l'eau de montagne qui se déverse en continu dans un bassin qu'il a construit lui-même, un village à 5 km où il achète ce qui lui manque et sociabilise juste ce qu'il faut, du travail quand il y en a et quand il en faut… Pourquoi pas ? "Et sa retraite, et ses dépenses de santé ?!" pensons-nous en bons européens de notre siècle, si prévoyants… Alceu vit sainement et on ne peut pas dire qu'il se crève à la tâche, il pourra sans doute continuer longtemps à tailler le bois et à attraper ses fruits. Naturellement disposé au troc, il distribue son surplus de fruits à ses voisins, qui viendront certainement lui rendre visite et lui prêter main forte quand le poids des ans se fera trop lourd. Et puis quand son corps sera trop fatigué, il s'éteindra, sans bruit.

 

Bande originale : je dirais bien Adamo, pour rendre hommage à son fan, Alceu, mais l'amie des coatis a déclaré que c'était une musique de vieux. Cruelle… Et Alceu n'écoute pas de musique de toutes façons. Je propose donc d'écouter Marisa Monte et Paulinho da Viola murmurer Dança da Solidao.

 

 


 

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Ilha do Mel, pourquoi ce déluge, petit Jésus ?

 

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A lire en écoutant "Aguas de março", par Elis Regina. Au Brésil, la fin de l'été est marquée par l'arrivée des pluies (chuva), qui ne cesseront que fin avril. En soit ce n'est pas long. C'est juste ballot quand ça tombe sur les vacances de l'amie des coatis et quand le pic de précipitations tombe sur l'île qui s'annonçait paradisiaque… Pas de voitures, des sentiers de sable, des charrettes pour transporter les marchandises lourdes, des plages, une réserve naturelle, une forteresse, un phare, et tout juste ce qu'il faut de bars, restos et wifi. Le paradis. Mais que voulez-vous, même au paradis, le sable mouillé reste moins plaisant que le sable sec.


 

 

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Paraibuna, Semaine Sainte et policia militar

 

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Cest quand nous quittons la côte, qu'il se remet à faire chaud. Toujours pareil avec Jésus… Les parisiennes que nous sommes évitent Sao Paulo, trop grand, trop gris, et descendent du bus à Paraibuna, bourgade tranquille nichée dans les montagnes, entre Sao Paulo et Caranguatatuba. Tranquille, nous en savons quelque chose puisque nous installons notre QG dans le commissariat de la policia militar, pas débordé et très accueillant ! C'est donc l'esprit libre que nous nous plongeons dans les festivités locales.

 

Le lundi saint est ici célébré en grande pompe avec vente aux enchères de poulets, stands de cochoncetés, musique, acrobaties pour atteindre la cime d'un poteau en bois en pyramide humaine... Puis vient l'heure de la procession, qui nous donne l'occasion d'apprendre le "Je vous salue Marie" en portugais "Santa Maria, mae de Deus… Comme chez nous, la foule psalmodie des dizaines et des dizaines de fois en faisant le tour du centre-ville avant de revenir au point de départ, la chapelle de San Benedicto. Les prières et les chants s'éternisent, nous en sommes déjà à notre énième messe, point trop n'en faut ! Nous filons au bingo. Un real la planche, et nous apprenons les chiffres en portugais. Jeunes et vieux se concentrent pour tenter de remporter ce magnifique lot de tupperwares. Découragées par nos multiples échecs, nous terminons la soirée au concert. Tout le village est là et le village danse. Peu importe la taille, la morphologie, la tenue vestimentaire, les Brésiliens dansent sans se "regarder" au sens français du terme. Les garçons entament des chorégraphies synchronisées et endiablées. Les mères sont là avec leurs enfants, tous se saluent… Nous mêmes, commençons à reconnaître quelques visages. Ce n'est que le lendemain que nous découvrirons : tiens, Robe Rouge est éboueur, Cheveux roux travaille à l'église ! Amusante inversion.

 

On aime le mélange des genres autour d'une fête religieuse. Notre église, si elle veut reconquérir des voix, ferait bien d'en prendre de la graine, le bingo a même rapporté un bon petit pécule, et d'une façon largement plus amusante et rassembleuse que la quête !

 

Bande originale : Semaine sainte oblige, merci d'écouter ce morceau jusqu'au bout, et de le répéter cinquante fois en vous repentant. On a toujours à se repentir de quelque chose.

 

 

 

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Paraty, le bonheur de retrouver un voilier !

 

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Faca : couteau, asalto : attaque, camisa vermelha : t-shirt rouge. Muiiiito dineiro : beaucoup d'argent ! Le meilleur moyen d'apprendre une langue, c'est d'être obligé de la parler avec les autochtones. Par exemple, faire le portrait-robot d'un voleur-agresseur dans une ville dans laquelle on vient de poser le pied ! Episode caméra cachée dans une policia militar nettement moins friendly et compréhensive que celle d'où l'on sort. Deux caïpirinhas limao et maracuja, por favor, pour oublier tout ça et nous rencontrons Michel.

 

Brestois installé depuis 4 ans dans la baie de Paraty sur son magnifique quetsch "Horizonte azul", Michel fait du Air BnB : pour 100€ la nuit, environ, son voilier ancien tout bois se transforme en pousada flottante et balade 1 à 4 personnes dans la baie et parmi les îles merveilleuses de la Costa Verde. Une superbe façon de découvrir un bon nombre de plages, de minuscules îles et de paysages exclusivement accessibles par l'eau ! Et comme les côtes appartiennent au domaine maritime, on peut même se dorer la pilule sur les plus jolies îles privées… Quelques petits restos de pêcheurs ont fleuri ça et là, notamment un, niché à l'extrémité d'une plage de la pointe sud, qui sert des "lula a dore" (calamars frits) à se damner. Seuls ceux qui ont le pied marins peuvent y accéder. Il existait autrefois un chemin mais il a disparu, grignoté par les propriétés privées qui ont poussé, discrètement, à flanc de montagne. Aujourd'hui, les villages de cette pointe sud n'ont donc ni route, ni électricité, seuls les bateaux font la navette avec Paraty. Le maître de la petite école fait tous les jours l'aller-retour pour enseigner à la vingtaine d'élèves du village ; après 14 ans, ce sont des derniers qui rejoignent chaque jour Paraty pour suivre leurs cours. Tout cela parait bien exclusif… mais il n'en est rien ! Les touristes pourront embarquer au choix sur les gros bateaux de promenades (rafraîchissements, foule, musique à fond) ou sur les petites lanchas colorées à privatiser (certaines sont "rococo" à souhait avec leur baldaquin et leurs coussins roses)…

 

A 8h de navigation de là, Ilha Grande, fabuleusement calme, sans voitures, avec des dizaines de randonnées et de plages, dont certaines sont, là aussi, accessibles uniquement par l'eau et/ou après plusieurs jours de marche.

 

Pour nous, Michel usera de la formule "coachsurfing" et nous fera, en outre, découvrir la folle soirée samba du samedi soir, à l'Armazen, près de la place Matriz. Dès 20h, chacun apporte son "instrument" dans ce petit bout de bar d'un joli magasin d'artisanat, pour jouer, chanter et danser ensemble, parmi un mélange de Brésiliens, d'expat' et de quelques touristes atterris là par hasard, mais ravis de découvrir une ambiance authentique et chaleureuse. Impossible, après une telle soirée de rester insensible au rythme envoûtant de la samba !

 

Bande originale : sans conteste, le festif "Retalho de Cetim" de Sambô, dont les paroles mythiques "mas chegou Carnaval" (mais le carnaval est arrivé) en ont fait fredonné et guincher plus d'une !

 

 

 

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Les filets de Tarituba…

 

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Le jeu de mots était facile. C'est dans ce petit village de pêcheurs que l'amie des coatis s'est laissée prendre dans les filets de Pietro, séducteur brésilien âgé de 5 ans. Sa famille nous invite à une session de pêche sur le bateau de Bento. Le teuf-teuf rose se met en branle et le géant commence à dérouler son filet, en spirale. 1 km de filet, sans s'emmêler ! On l'observe ensuite prendre une pierre attachée à une corde et frapper l'eau avec. Pour réveiller la poiscaille, bien sûr. Puis immédiatement après, il entame l'opération inverse, plus délicate : relever les filets. Patiemment, même inlassablement, il répète le même geste, tirant sur le haut du filet, formant des aller-retours pour l'empiler du côté gauche, puis étalant le bas correctement, côté droit. S'arrêtant lorsqu'une corvina, un barru ou un siri sont restés prisonniers. Brisant immédiatement les nageoires du barru, il le lance dans le réservoir qui fait office de seau et reprend sa tâche. Puis nous allons redéposer le filet un peu plus loin et rentrons au "port". Bilan de l'opération : 2h et une dizaine de prises, il en faut 30 pour que ça vaille le coup.

 

Bande originale : pas de bande originale, vous pouvez réécouter la chanson qui vous a le plus plu. Et pour qu'il y en ait une qui vous plaise, je vous suggère de les écouter en boucle. Il semblerait qu'on aime davantage ce qu'on connait. A moins que... Ah, l'amie des coatis nous souffle "Mina do Condominio, de Seu Jorge" dans le micro. Merci à elle !

 

 

 

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Puis nous arrivons à Rio de Janeiro… 

 

 

C. Rebours

"A Rumbo Libre en Amérique du Sud"

 

 

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