10 Juin 2022
Il y a deux ans, Jérémie Beyou s’était offert la première édition après 10 jours et 5 heures de course devant Charlie Dalin et Thomas Ruyant. « J’étais sous pression une grande partie de la course parce que l’écart se réduisait souvent », se souvient-il. Mais la victoire a du bon et pas seulement pour les souvenirs intenses qu’elle charrie. « Cela donne toujours de la confiance. Ça veut dire que je peux le faire à nouveau, que je peux gagner encore ».
Mais il sait aussi que rien ne sera facile. Car le parcours est corsé avec le contournement de l’Islande par le Nord puis la descente vers le Sud avant de mettre le cap jusqu’aux Sables d’Olonne. « Les pièges seront nombreux, notamment en longeant les côtes anglaises, irlandaises puis autour de l’Islande. Il faudra veiller aux zones de glaces et au trafic des pêcheurs ». Et puis il y a l’inconnu qui obligera à se creuser les méninges : les conditions météorologiques. « C’est un parcours Nord-Sud avec des phénomène qui circulent d’Ouest en Est. Par rapport à une transatlantique classique, on va davantage subir les phénomènes qu’aller les chercher ».
En 2020, les conditions avaient été plutôt maniables et seulement deux fronts devaient être traversés. Là, « on s’attend à des moments bien plus engagés ». Face à ce défi, la vigilance et une concentration exacerbée seront nécessaires. « Il va y avoir beaucoup de transitions, beaucoup de changements d’allures, de configurations différentes de voiles ». En somme : « beaucoup de boulot en perspective ! »
Pour y faire face, Jérémie peut compter sur le lien fort qu’il a créé au fil des compétitions et des années avec Charal 1 depuis sa mise à l’eau en août 2018. « Certains bateaux ont de gros problèmes, des démâtages, des avaries de quilles… Avec cet IMOCA, il y a certes eu un temps de mise au point mais je le connais par cœur. On a toujours fait corps ensemble ».
S’arrêter et réfléchir à cette connexion entre le marin et son monocoque, c’est l’occasion de raviver des souvenirs, ces moments forts et cette aventure de quatre ans. D’autant que la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne a une symbolique particulière : ce sera la dernière course de Jérémie à bord de Charal 1. « J’ai envie d’être dans la continuité de tous les bons moments qu’on a vécu ensemble » assure-t-il. « J’aimerai finir l’histoire de la meilleure des manières avant de m’en séparer ».
La portée émotionnelle du moment est plus facile à gérer quand on connait l’exigence des courses et l’ambiance qui les entourent. Pourtant, une atmosphère de fête s’est emparée des Sables d’Olonne, une poignée de jours après la parade destinée – sous la musique et les applaudissements – à fêter les skippers du dernier Vendée Globe. « C’était hallucinant de voir l’engouement de ces milliers de personnes », apprécie Jérémie. « Il y a un public qui est accroc au Vendée Globe et à l’IMOCA. Et c’est d’autant plus important de revenir régulièrement aux Sables d’Olonne, ce que nous permet cette course ». Un soutien populaire dont « on ne peut pas faire abstraction » avant de débuter une nouvelle aventure que Jérémie rêve de conclure par une victoire.