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Route du Rhum – Thierry Bouchard (Ciela Village) 5ème chez les Multi50

Le skipper a franchi la ligne d’arrivée hier soir, au terme de 18 jours et 6 heures en mer. Il a parcouru au total 5493 milles, alors que la route directe est de 3500 milles, soit 2000 milles de plus pour fuir les coups de vent, faire escale et aller chercher l’alizé. 

Route du Rhum – Thierry Bouchard (Ciela Village) 5ème chez les Multi50
Route du Rhum – Thierry Bouchard (Ciela Village) 5ème chez les Multi50

Pour sa toute première transatlantique en solitaire en multicoque, Thierry Bouchard a vécu un parcours auquel il ne s’attendait pas, avec son lot de galères, mais a aussi exprimé à son arrivée son bonheur de l’avoir fait.  

Après un départ sur des chapeaux de roue, en tête pendant 48 heures sur son Multi50 Ciela Village, Thierry Bouchard se prépare à faire le dos rond en attendant la grosse dépression attendue… 

Mais les avaries s’enchaînent : après la barre de liaison du safran tribord, réparée par le skipper, puis privé de son chariot de tête de grand-voile, arraché dans un empennage intempestif, Thierry se résout à faire escale à Lisbonne.

Il prend ensuite un nouveau départ, mais les alizés se sont échappés avec les concurrents. Un black-out survenu sur la centrale de navigation, suivi d’un cocotier dans le grand gennaker et d’une drisse coincée en haut du mât ne suffisent pas à décourager le skipper de Ciela Village, qui s’est juré d’aller jusqu’au bout. 

Le récit de la course de Thierry Bouchard :

« Si c'était à refaire, je n'y retournerai pas. C'était de loin la plus difficile de mes transats. Je me suis fait très mal. Les avaries se sont enchainées, sans répit. Dès que je parvenais à résoudre un souci, un autre arrivait derrière. J'ai bossé tout le temps, 24 heures sur 24. Bien sûr je me suis fait plaisir à certains moments, pendant deux jours, en glissant vers la Guadeloupe, sous un ciel bleu avec un vent assez stable. Et là, c'est vraiment chouette. Il faut se souvenir de ces moments-là.

Je n’ai toutefois aucun regret. C'est peut-être la première fois que je navigue en marin : d'habitude, j'aime bien attaquer. Là, j'avais les deux pieds sur le frein en permanence. Je suis fier d'être arrivé au bout. J'ai réussi à réparer toutes mes avaries, jusqu'au bout, sauf le chariot de grand-voile qui m'a coûté une escale à Lisbonne mais il me fallait une pièce de rechange et mon équipe technique est venue la remplacer. Il fallait que je finisse cette course. J'étais parti sur une régate, j'ai vécu une aventure de 18 jours !

Pour nous, mon routeur et moi, ça ne passait pas vraiment au sud. Il y avait deux modèles météo qui se contredisaient. Armel a vu quelque chose que les autres n'ont pas vu. Il n'a pas eu la même Route du Rhum que nous.

Quand je suis arrivé à Lisbonne, j'étais fracassé. D'une part j'avais vraiment souffert, dans mon corps et dans mon esprit ; d'autre part je ne pouvais pas faire escale à Vigo, qui m'aurait moins détourné de ma route car la météo ne me le permettait pas. Je devais descendre au plus vite pour éviter de me faire coincer par un coup de vent violent au nord de l'Espagne. Mais s'éloigner de la route, ce n'est pas facile. Je savais que les autres allaient partir devant. J'ai une équipe incroyable. Ils ne m'ont jamais poussé à repartir mais ils m'ont vraiment encouragé et surtout je savais que quoiqu'il m'arrive, je pouvais compter sur eux.

Je suis vraiment heureux de l'avoir fait. Mais le tour de Guadeloupe, c'est la dernière punition ! Que c'est long ! Comme si jusqu'au bout, il fallait en baver. Je n'avais plus rien à manger depuis deux jours. Juste une ratatouille à 78 calories hier !!! Mais ce ti-punch, ça fait du bien ! »

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