Passé sous le contrôle du fonds d'investissement allemand CMP, le chantier allemand Bavaria vient de voir nommé son P-DG, Michael Müller, qui remplace le management de transition mis en place lors du rachat du chantier.

Jusqu'à présent, le poste de CEO de Bavaria et de sa société soeur française Nautitech était vacant, le Dr. Ralph Kudla, l'un des dirigeants du fonds allemand CMP Capital Management, occupant la fonction de Chief Restructuring Officer des deux entités.

Cette vacance est désormais terminée, puisque le 19 février dernier, Bavaria Holding a annoncé la nomination de Michael Müller à ces fonctions, tant pour Bavaria Yachts (Allemagne) que pour Nautitech (France).

Michael Müller, un spécialiste du retournement de sociétés

Depuis 3 mois, Michael Müller était en charge des fonctions de directeur commercial et marketing de Bavaria et le choix de sa promotion a paru logique à Ralph Kudla, comme il l'explique sur ActuNautique : "Ces dernières semaines, travailler quotidiennement avec Michael, nous a convaincus qu'il était l'homme de la situation, tant par rapport aux salariés de l'entreprise que par rapport à notre réseau de distribution".

Ingénieur de formation, Michael Müller connait bien CMP Management pour avoir déjà collaboré avec le fonds allemand sur le retournement d'entreprises industrielles en difficulté. 

Âgé de 62 ans, il a aussi bien travaillé pour des marques que pour des industriels et anticipe les mois à venir positivement : "En prenant ces nouvelles fonctions, j'apporte à Bavaria toute mon expérience du management de grandes marques. Mon ambition est de repositionner Bavaria Yachts comme un constructeur de bateaux modernes, de qualité, tant dans le domaine de la voile que des bateaux à moteur. Alors que toutes nos équipes travaillent à livrer les commandes de la saison, notre attention se porte à livrer dans les temps des bateaux bien construits. En parallèle, nous modernisons notre outil de production de Giebelstadt. Dans ce cadre, l'équipe de direction du chantier s'est enrichie des compétences de Pascal Kuhn, pour la voile, et de Siep Keizer, pour le moteur, qui reportent directement à Erik Appel, DG industriel".

Deux chantiers, deux gros challenges

Prendre la direction des chantiers Bavaria Yachts et Nautitech ne sera sans doute pas une sinécure pour Michaël Müller dans les mois à venir, pour des raisons toutefois très différentes.

Une tâche immense chez Bavaria

Du côté de Bavaria, la tâche est immense. Le site de Giebelstadt emploie 550 personnes et a beaucoup souffert du départ de ses cadres dirigeants. Ayant produit jusqu'à 3000 unités par an, l'usine bavaroise doit cette saison sortir 200 bateaux parfaitement construits, dans les délais impartis. Simple sur le papier, moins simple quand on connaît les problèmes d'industrialisation de nouveaux modèles découverts lors de la reprise, et auxquels doivent faire face de nouvelles équipes d'encadrement.

Si la gamme a été élaguée il y a quelques mois afin de se concentrer sur les 20-80, les bateaux actuels - de par leur montée en gamme - sont devenus plus complexes à construire que naguère, alors que l'usine de Giebelstadt a été pensée pour produire en grande série des bateaux relativement simples.

Selon nos informations, ce challenge serait en passe d'être tenu, ce qui est déjà un bel exploit industriel. 

Un exploit qui ne sera toutefois pas suffisant dans un contexte concurrentiels redoutable. Bavaria Yachts a perdu bon nombre de ses distributeurs - souvent au profit de Dufour - et la consolidation de son réseau de concessionnaires est indispensable, quand Bénéteau, Jeanneau, Dufour et Hanse font feu de tout bois dans la voile !

Du côté des bateaux à moteur, le chantier se doit désormais de lancer des unités capables de générer du volume et du cash flow, répondant bien à la demande actuelle du marché, en particulier sur le segment des gros unités hors-bord...

Solder le passé et consolider l'offre produit chez Nautitech

Du côté de Nautitech, la situation semble plus simple, le chantier surfant sur un marché en forte croissance, celui des catamarans.

Situation plus simple mais avec 2 problématiques bien réelles.

La première concerne le différend  - de 760 000 euros - avec les anciens propriétaire du chantier conduits par Bruno Voisard, Différend ayant débouché sur un nantissement des titres Nautitech. Officiellement, du côté de Bavaria Holding, il n'y aurait pas de différend, cette problématique concernant les anciens propriétaires. Il apparaît toutefois que l'ancien propriétaire aurait provisionné un montant important, pour un règlement à l'amiable... qui n'est jamais intervenu ! Questionné sur le sujet, un industriel ayant consulté le dossier de reprise de Bavaria a confié à ActuNautique estimer à élevé le risque pour le repreneur de perdre en justice, ce d'autant plus que le dossier sera traité en France, qui concerne une entreprise française, rachetée par un groupe étranger... CMP Capital Management mettant en avant son éthique dans les affaires, on peut s'étonner que ce litige n'ait pas été traité plus tôt, afin de lever toute ambiguïté dans ce domaine.

La seconde problématique - positive celle là - à laquelle doit faire face Nautitech Catamarans dans les mois à venir a trait à sa capacité de production.

Le chantier produit 80 unités par an, et pourrait monter à 100 maximum sur son site actuel. Ce gain est nettement insuffisant pour maintenir ses parts de marché sur un secteur en croissance, où le Groupe Bénéteau vient de surcroît de lancer une nouvelle marque ambitieuse : Excess Catamarans. Très rapidement, le déménagement du chantier sur Rochefort va se poser, en parallèle au lancement de nouveaux modèles : le 46 devrait bénéficier d'un gros millésime, le Power de réaménagements internes et l'élargissement de gamme est indispensable !